L'échiquier de Jade d'Alex Evans



L'échiquier de jade
de Alex Evans

Éditions ACTUSF

Sortie le 24 mai 2018
Format broché / 300 pages / 18 €


Présentation de l'éditeur :

Retour dans la cité de Jarta. La ville est en pleine ébullition. Les manifestations des opposants à la visite de l'ambassadrice d'un Empire fermé et agressif provoquent de sérieux remous. Dans le même temps, tous les sorciers de la ville sont réquisitionnés pour combattre un démon qui a dévoré deux personnes.Résultat, les forces de l'ordre confient deux nouvelles enquêtes aux sorcières Tanit et Padmé, et notamment le vol d'un antique échiquier en jade que la ville comptait offrir en cadeau à l'ambassadrice. L'incident diplomatique n'est pas loin...

Padmé et Tanit sont de retours après le joli succès de Sorcières Associées (nommé au Prix révélation des Futuriales) dans un roman qui peut se lire totalement indépendamment du premier mais qui a gardé toutes ses qualités !


Avis de Lauryn :

Ce roman fait suite à Sorcières associées, mais peut se lire indépendamment. La cité de Jarta mêle technologie et magie, quoi que cette dernière, balbutiante et mal aimée, demeure sous-utilisée par rapport aux machines qui, elles, pullulent dans le quotidien des habitants. En réalité, la magie était autrefois beaucoup utilisée, mais une période sombre l'a presque faite disparaître, au point que sa réapparition sème davantage la panique que l'enthousiasme des foules. C'est dans cette ère de transition que Padmé et Tanit, sorcières associées, tentent de faire leur trou grâce à un cabinet d'enquêtes commun. Les deux femmes, aux caractères diamétralement opposés, sont soudées par une solide amitié qui leur permet d'outrepasser leurs différences, même lorsqu'elles ne sont pas d'accord sur la manière de traiter une affaire. Alex Evans a décidé de centrer son roman sur ces deux personnages, alors que le groupe de sorcières dont ils font partie est plus important (le lecteur en rencontre d'ailleurs quelques-uns au début). Ce choix est assez perturbant au départ, car chaque personnage raconte à la première personne ses mésaventures, ce qui rend la lecture particulière. De ce point de vue, le fait de placer au début de l'histoire d'autres sorcières embrouille davantage les choses, sauf, peut-être, si on a lu le premier tome (ce qui n'est pas mon cas, je l'avoue). Bref. 

Alex a bâti avec cette cité un monde assez complexe et sème dans le roman des noms de pays, de peuples, de créatures, de guerres, qui sont si nombreux et si peu détaillés que le lecteur reste sur sa faim. Seuls certains, utiles à l'histoire, sont détaillés, ce qui serait passé comme une lettre à la poste si les autres n'étaient pas cités en si grand nombre. Toutefois, l'ensemble se tient bien et donne envie de découvrir plus avant cet univers riche que l'auteure a construit. C'est pourquoi, pour ma part, j'aurai préféré un roman plus long, plus étoffé, pour vraiment profiter de chaque élément. Car le monde et sa politique sont, pour l'intrigue, importants. En effet, en plus de l'apparition inexpliquée d'un démon en ville, les sorcières doivent résoudre un problème épineux : la disparition de l'échiquier de jade, un objet certainement magique, destiné à servir de cadeau à une puissance isolationniste et xénophobe en vue de pourparlers commerciaux. Les peuples et leurs interactions sont donc au cœur du mystère et, puisque les sorcières sont de nationalités différentes, avec une sensibilité particulière et des avis divergents sur ces futurs accords, des explications plus riches m'auraient intéressée. Après, j'admets que c'est une question de goût, comme beaucoup de choses que l'on attend personnellement d'un roman ! 

L'histoire, donc, est bien ficelée et se déroule avec tous les rebondissements et les incertitudes nécessaires, le tout enrobé d'un rythme assez soutenu, si bien que le lecteur n'a franchement pas le temps de s'ennuyer. La fin, même si elle est classique, est travaillée avec le soin nécessaire pour clore l'histoire sans laisser de frustration ou d'attente particulière. Côté personnages, j'ai bien aimé les deux sorcières, avec leurs caractères opposés, mais j'ai regretté le mode d'expression de Tanit qui, contrairement à Padmé, utilise beaucoup d'argot. Ce n'est pas dérangeant en soi, sauf que le reste de la structure de ses phrases n'est pas en accord avec cet emploi de mots argotiques. Son phrasé est trop propre, en somme. Cela lui enlève un peu de crédibilité dans le style qu'elle se donne. Mais c'est un petit détail. L'échiquier de jade est un roman de steampunk agréable et d'une lecture limpide, sans prise de tête, qui me donne envie de partir à la découverte du premier tome. Cela répondra peut-être à de nombreuses questions que je me pose sur le monde et sa géopolitique.


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