Déchirures de Sire Cédric


Déchirures
de Sire Cédric

Editions Le pré aux clercs

Sortie le 10 novembre 2010
Grand format / 18 €


Présentation de l'éditeur

Imaginez que vous rencontriez un véritable démon dans une étrange boîte de nuit... Ou que vous croisiez des monstres sanguinaires, au bord d'une autoroute déserte... Savez-vous que de mystérieux fantômes jouent de la harpe avec les rayons de la lune ? Que des créatures infernales sévissent au sein d'un groupe de Black Metal ? Ouvrez ce livre et regardez, vous aussi, à travers ces déchirures qui
émaillent le rideau de la réalité. Sous la plume de Sire Cédric, la beauté et l'horreur, l'angoisse et le rêve se mêlent dans une valse mortelle. Et si, un soir, après avoir refermé ces pages, vous sentez une présence insolite derrière vous, à la sortie de votre bar favori, nul doute que vous presserez le pas !

Avis d'Asmodée

Le recueil Déchirures, réédité aux éditions Le Pré aux Clercs, rassemble certains des textes les plus horrifiques et poétiques de Sire Cédric. Une poésie, mais pas n'importe laquelle. Au fil des histoires, la prose de l'auteur se réclame ténébreuse et d'une délicate perversité. Les nouvelles proposées au sommaire contribuent, chacune à leur manière, à façonner un univers torturé, empreint d'une inspiration sombre, marginale, qui s'affranchit de tout interdit. Des monstres surnaturels ou à visages humains, une débauche de sexe et de sang, mais également une plume flirtant toujours sur les frontières de la grâce et de l'irrévérence... L'ouvrage joue à merveille avec les peurs, les espoirs et les désirs recélés en chacun de nous.

Déchirures se fait pourvoyeur d'émotions contradictoires telles que la sensualité ou la répulsion, toujours avec pour socle commun le plaisir d'une lecture ancrée dans notre temps, effleurant nombre de maux contemporains. On se retrouve en présence de neuf nouvelles, un panel de récits souvent pourvus d'un caractère sulfureux et au relent de thriller, mais au sensationnel jamais gratuit. Car derrière une provocation de façade, l'auteur instille au travers les destins chaotiques de ses personnages un cachet intime, à la sensibilité exacerbée. Comme dit en début de chronique, il y a une poésie suppliciée dans ce recueil de Sire Cédric. Peut-être est-ce pour cela qu'il est souvent possible d'identifier une part de nous-mêmes au détour de ses histoires à la réalité altérée.

Une jeune femme Sélénite à la pureté sacrifiée, des démons qui nous observent par le prisme de leur dépravation, une créature vengeresse châtiant des skinheads, esprits totems et fantômes tourmentés, des sœurs jumelles qui s'affrontent dans un combat où une seule d'entre-elles pourra sortir victorieuse… Si le ton des nouvelles reflète invariablement une inévitable noirceur teintée de pessimisme, les thèmes abordés n'en restent pas moins une vitrine exhaustive sur ce que le fantastique compte de plus fascinant en matière d'ambiances et de sujets. Les esthétiques sont gothiques, faisant la part belle aux tatouages, piercings et musique Métal. Un style très visuel donc, mais pas seulement. La Mort rôde également, sans jamais parvenir à éclipser complètement l'espoir sous-jacent qui auréole certains textes.

C'est en parcourant Déchirures et en s'égarant dans ses replis d'ombre et de mal-être que l'on appréhende pleinement la qualité du recueil. Le talent narratif de son auteur s'inscrit dans la veine d'un Clive Barker ; un style rehaussé par une touche européenne et sexy encore trop rare à trouver dans le paysage de la littérature fantastique francophone. Par la texture des mots, grâce aux voies d'un imaginaire sans concession, Sire Cédric entraîne ses lecteurs sur des chemins obscurs et troublants, à l'empathie qui saura toucher les âmes écorchées vives. Une lecture conseillée plutôt deux fois qu'une, surtout si l'on aime les nouvelles qui procurent une belle part de frisson.

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