Persona, tome 1 : La Capitale de lumière de Ielenna


Persona
Tome 1 : La Capitale de lumière 
de Ielenna

Éditions Hachette Romans

Sortie le 15 mars 2023
Format broché / 400 pages / 19 €


Présentation de l'éditeur :

Dans le monde de Lux, les enfants qui ont été touchés par la Lumière développent des pouvoirs singuliers. Mais, loin d’être admirés, ces êtres exceptionnels sont craints et méprisés par le reste de la société. 
À leurs dix-huit ans, un terrible choix s’offre à eux : se marier et abandonner leur Don précieux, ou rejoindre le Culte de la Lumière, faisant ainsi une croix sur leur liberté. 
Ce dilemme, Andrea le refuse, puisque son rêve est d’être libre tout en conservant sa magie. Après tout, Andrea a toujours porté un masque, adoptant une nouvelle apparence et un nouveau rôle au gré des demandes du royaume. Plus qu’un Don, c’est sa seconde nature : Andrea est Persona. 
Le jour où Andrea se voit confier une mystérieuse mission, l’espoir de changer le cours de son destin et l’équilibre du monde de Lux se fait plus grand que jamais...

L'avis de Tan : 

Dès le titre, il émane quelque chose de très jungien de ce livre. En effet, le concept de persona fait référence au masque social que revêt tout individu pour évoluer dans la société. Ce qui est en effet le cas d'Andréa, le persona du titre, personnage masculin au prénom épicène qui n'arrive pas vraiment à savoir qui il est à force de changer d'identité pour accomplir ses missions. Son identité de genre, son asexualité et son aromantisme sont également mis en évidence à plusieurs reprises. Autant dire que c'est un personnage qui se cherche beaucoup et qui ne sait pas véritablement où est sa place. Il est également intéressant de noter que la notion d'ombre rencontrée dans le livre est un autre concept jungien qui qualifie "une partie de la psyché formée de la part individuelle qui ne se connaît pas elle-même, et dont l'existence même est souvent ignorée". Pourquoi pas, même si le lectorat passera sans doute à côté.

Le livre est par ailleurs, et de manière plus frontale, une gigantesque métaphore de l'atypisme sous toutes ses formes. On y retrouve des personnages singuliers soit sur le spectre de l'autisme, soit avec des talents, appelés Dons ici, soit dys. À plusieurs moments de l'histoire, les personnages "touchés par la lumière" mentionnent aussi leur "batterie sociale" et ils savent que s'ils dépensent trop d'énergie en utilisant leur Don, ils vont s'écrouler mentalement et physiquement. Ils ont alors besoin de s'isoler et de s'accorder du temps pour refaire le plein.

Persona soulève ainsi la question de la normalité et du conformisme avec ce choix de rentrer dans le moule en mettant de côté son Don ou de continuer à l'exploiter à l'âge adulte avec l'entrée dans la vie active, mais au prix d’un énorme sacrifice. Choix auquel vont être confrontés les héros et héroïnes à l'aube de leur 18 ans.

Le personnage de Thisbé sert aussi à faire passer quelques revendications féministes très actuelles, notamment au sujet de la dynamique de la relation entre les hommes et les femmes, la charge mentale, la place de la femme dans la société, etc. Le personnage d’Evander étant le personnage masculin en cours de déconstruction. Les questions raciales sont bien sûr abordées. Et comme, il fallait en rajouter un peu, même la philosophie du colibri de Pierre Rabhi est reprise ici. 

À un moment, ça commence à faire beaucoup de messages à faire passer quand même. Surtout pour un roman de fantasy se déroulant dans un cadre antique qui fait penser à Rome. Ce sont pourtant des thématiques qui sont loin de m'être étrangères, mais une telle insistance permanente fait partie des maladresses qui m'ont empêchée de rentrer dans le livre. À cela se rajoute le constat qu'au bout de 120 pages, je n'arrivais toujours pas à trouver d'accroches, ni au niveau de l'intrigue, ni au niveau des personnages, ni au niveau de l'univers. Puis j'ai compris pourquoi la lecture était si laborieuse. Sentiment confirmé par l'arrivée très tardive (au-delà de la page 200) des chapitres sur Pax, qui auraient pu (dû) servir à montrer très efficacement au lecteur tout ce qu'il avait besoin de savoir sur cet univers, plutôt que d'entrecouper systématiquement la moindre scène, le moindre dialogue, par des paragraphes d'explications de quinze à vingt lignes. La position de ces chapitres sur Pax fait qu'il y a en plus une forte impression de répétitions, puisque ce sont des éléments que le lecteur a fini par intégrer. C'est d'autant plus dommage que l'histoire débute du point de vue de Pax, qui n'est pourtant pas l'héroïne de l'histoire, ce qui aurait permis en quelques pages d'apporter toutes les informations nécessaires au lecteur en déplaçant deux chapitres. Et d'en élaguer d'autres beaucoup trop longs.

Malgré les belles intentions de l'autrice de vouloir aborder des sujets qui lui sont chers, le livre souffre de beaucoup trop de faiblesses : 150 pages d'introduction laborieuses qui disent beaucoup mais ne montrent pas assez, des personnages qui peinent à être attachants parce qu’à la limite du stéréotype, des messages militants utiles mais peu subtiles qui plombent une histoire prévisible et une écriture sans reliefs. À part Isidore, personnage étonnamment touchant, il ne me restera pas grand-chose de cette lecture. Il aurait fallu faire un peu plus confiance au lecteur plutôt que de le guider ainsi d'un bout à l'autre et de tomber dans l'édification poussive.

NB : Ne lisez surtout pas le glossaire en entier avant d'avoir terminé votre lecture, il spoile un élément clé de l'histoire. Surtout que le lecteur attentif avait compris qu'il y avait une fausse piste et que la réponse est dans ce glossaire.


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