La vie invisible d'Addie Larue de V.E. Schwab



La Vie invisible d'Addie Larue
de V.E. Schwab

Éditions Lumen

Sortie le 3 juin 2021
Format broché / 696 pages / 17 €


Présentation de l'éditeur :

Une vie dont personne ne se souviendra... Une histoire que vous ne pourrez plus jamais oublier...

Une nuit de 1714, dans un moment de désespoir, une jeune femme avide de liberté scelle un pacte avec le diable. Mais si elle obtient le droit de vivre éternellement, en échange, personne ne pourra jamais plus se rappeler ni son nom ni son visage. La voilà condamnée à traverser les âges comme un fantôme, incapable de raconter son histoire, aussitôt effacée de la mémoire de tous ceux qui croisent sa route.

Ainsi commence une vie extraordinaire, faite de découvertes et d'aventures stupéfiantes, qui la mènent pendant plusieurs siècles de rencontres en rencontres, toujours éphémères, dans plusieurs pays d'Europe d'abord, puis dans le monde entier. Jusqu'au jour où elle pénètre dans une petite librairie à New York : et là, pour la première fois en trois cents ans, l'homme derrière le comptoir la reconnaît. Quelle peut donc bien être la raison de ce miracle ? Est-ce un piège ou un incroyable coup de chance ?

Embarquée dans un voyage à travers les époques et les continents, poursuivie par un démon lui-même fasciné par sa proie... jusqu'où Addie ira-t-elle pour laisser sa marque, enfin, sur le monde ? V. E. Schwab, qui portait ce récit en elle depuis ses débuts, vient enfin de coucher sur le papier son roman le plus personnel. Découvrez l'histoire, sur plus de trois siècles, d'une femme dos au mur mais pourtant indomptable, et de son affrontement avec les forces obscures qui cherchent à la réduire au silence.

L'avis de Vania :

La lecture de ce roman m’a pris plus longtemps que je ne le pensais. Même si c’est un pavé, je l’ai quand même fait traîner, pas parce que je m’ennuyais mais parce que j’avais réellement besoin de m’imprégner de son atmosphère assez particulière.

D’abord, je ne me suis pas trop fiée au résumé, lu il y a longtemps, un peu oublié depuis le temps qu’il traînait dans ma PAL. Je n’avais retenu que l’essentiel et c’est le plus important : Addie Larue, née au 18e siècle, conclut un pacte avec un dieu sombre et dès lors, plus personne ne peut se souvenir d’elle.

Si je pouvais donner un conseil à celle/ceux qui ne l’ont pas lu, c’est de ne pas trop interpréter le synopsis du roman qui, à mes yeux, ne rend pas justice à l’histoire. Il en dit trop ou pas assez, ça dépend du point de vue.

On commence cette lecture dans la peau d’Adeline « Addie » Larue, jeune femme en âge de se marier à une époque où le patriarcat règne en maître et dans laquelle les femmes n’ont aucun droit. Addie, toutefois, est faite d’une autre trempe… Je dirais que, malheureusement pour elle, elle est bien trop en avance sur son temps, car elle veut être libre. Libre de découvrir le monde, libre d’aimer qui elle veut, quand elle veut, elle a soif de connaissances, sait que la vie peut receler bien plus qu’une vie banale de femme au foyer dans un petit village sans prétention. Et c’est juste avant de convoler en justes noces avec un homme plus vieux qu’elle et qu’elle n’aime pas qu’elle se retrouve à prier jusqu’à ce qu’un dieu vienne à sa rencontre. Surnommé « Le ténébreux », on rencontre là les deux fils conducteurs de la trame de l’histoire. En pactisant avec le diable, Addie sait qu’elle risque gros, qu’elle ne peut pas se fier à lui, qu’elle fait là une grosse erreur… Seulement, à côté, la vie qui l’attend est pire à ses yeux, alors elle formule sa demande. Mal, bourrée de failles, trop évasive… le genre de proie que ce dieu – le diable – ne rate pas. Alors, à sa demande de « liberté », de « temps », de « vie », le Ténébreux lui offre la vie éternelle et la capacité de traverser le monde sans y laisser la moindre trace : aucun souvenir dans les mémoires, aucune empreinte. Même son nom, elle sera incapable de le prononcer.

À partir de là, le rythme de lecture se fait plus lent (pour ceux qui veulent de l’action et des rebondissements, ce n’est pas le bon roman), l’auteure s’accroche à l’intrigue principale et prend le temps de définir avec soin chaque trait de caractère, chaque prise de décision, chaque avancée dans l’évolution de ses personnages. On suit donc le combat que mènera Addie pour comprendre les terribles règles de sa nouvelle vie, comment elle parvient à en contourner certaines, comment elle doit se soumettre à d’autres, le cœur lourd… Elle a souhaité l’immortalité et ne rendre de compte à personne, elle a eu ce qu’elle désirait. Mais à quel prix !?

Ce qui m’a particulièrement plu dans cette histoire, c’est la façon dont elle joue avec l’un des nombreux désirs de l’Homme en général : l’immortalité. Elle montre grâce à cette œuvre que nos rêves peuvent nous détruire. Addie traverse les âges, les décennies, les plus grands évènements de l’Histoire dans la solitude la plus totale. Son seul lien avec sa réelle identité sera les quelques instants que Luc, son dieu ténébreux, lui accordera à chacun de « leur » anniversaire. 10 ans de souffrance et d’errance : en a-t-elle assez ? Est-elle enfin résignée à abandonner cette vie sans joie et lui donner son âme ?

Malgré les difficultés, les nombreux moments de doutes et de terreur, Addie va se montrer aussi tenace que possible. Elle ne lâchera rien face à lui. Se crée alors un jeu de pouvoir entre elle et Luc… Qui énervera plus l’autre ? Lequel fera plier l’autre en premier ? 30 ans passent, un siècle, deux siècles… Leur jeu se développe de plus en plus jusqu’à atteindre un seuil dangereux.

On alterne les chapitres entre la Addie du présent : trois cent ans de vie, une maîtrise totale de son existence particulière, une capacité à voir le beau plutôt que le mauvais, et un cran incroyable, et la Addie du passé, qui se démène pour survivre tout en luttant pour ne pas céder son âme à Luc dans un moment de désespoir.

Leur lutte psychologique est une autre qualité de ce livre, j’ai aimé les voir s’affronter dans un duel mêlant la vie et la mort.

Puis, tout bascule lorsqu’elle tombe sur Henry, un libraire inconnu sur sa route qui ne l’oublie pas. Lorsqu’il prononce ces mots « je me souviens de toi » le lendemain de leur rencontre, Addie sait que quelque chose a basculé dans son monde. Y a-t-il une faille dans ce pacte ? Luc aurait-il fait une erreur ? Henry est-il un leurre ?

À cet instant, la cadence s’accélère et on se met à espérer pour elle, à essayer de comprendre les enjeux… Le tout est finement mené, avec adresse et douceur. Je dirais que le fond est poétique et envoûtant pour qui s’investit assez pour se laisser entraîner dans l’histoire. Pour ma part, ça a marché ! J’ai totalement adhéré à ce roman, presque une fable, qui donne à réfléchir sur ce que l’on peut souhaiter, sur la vie, sur la mort, sur l’essentiel. J’ai toutefois été légèrement déçue par la fin, que j’ai trouvé limite bâclée… Cela aurait mérité quelques chapitres en plus, peut-être un saut dans le temps ou des explications, mais dans l’ensemble, ce roman mérite de figurer dans ma bibliothèque à bonne place ; il est envoûtant.



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