La Neuvième Maison
de Leigh Bardugo
Éditions J'ai lu
Réédition le 4 mai 2022
Format poche / 608 pages / 8,90 €
Présentation de l'éditeur :
Alors qu'elle se remet de ses blessures à la suite d'un massacre inexpliqué, Alex Stern se voit proposer d'intégrer l'université Yale au sein de la Maison Léthé. Cette société secrète a pour mission de contrôler l'usage de la magie au sein des huit autres maisons que compte la prestigieuse institution. La jeune femme doit cette position enviable quoique dangereuse à un talent très particulier : elle est capable de voir les fantômes. Mais un soir, elle est témoin d'un meurtre d'une violence rare. Son enquête la confrontera à des forces qui défient l'imagination...
L'avis de Vania :
Pour les fans de Leigh Bardugo qui l'auraient découverte grâce à ses fameuses sagas Grisha et Six of Crows, un conseil : tentez de vous en détacher un maximum, car l’auteure nous embarque ici dans un univers totalement différent.
Pour l’avoir lue et adorée, j’ai pu dans un premier temps savourer son style d’écriture qui, lui, bien sûr, ne change pas – heureusement. Leigh Bardugo aime la magie, les pouvoirs psychiques, ainsi que les dons particuliers qui sortent des sentiers battus. On ne la verra jamais toucher à ce qu’on ne connaît que trop bien, elle arrivera toujours à nous surprendre quant à sa vision du surnaturel. Et cette fois, elle flirte avec la magie non plus dans un univers de fantasy qu’elle aurait inventé de toutes pièces mais dans notre monde, et pour cela, elle a choisi un terrain de jeu ô combien astucieux. De fait, elle s’introduit au cœur même des sociétés secrètes de l’université de Yale: New Haven.
Dans l’interface, il nous est précisé que lesdites sociétés, et certains des personnages cités dans le livres, existent bel et bien, et quoi de plus mystérieux que ces « ordres », parfois aux allures de sectes, pour poser le fond d’une intrigue aussi déroutante qu’ingénieuse.
C’est ainsi, en ces lieux quelque peu sombres, que l’on apprend à connaître notre héroïne principale : Alex Stern – ce qui n’est pas son vrai nom (détail important dans l’histoire). Dès les premiers chapitres, nous comprenons qu’elle a été recrutée au sein de l’une de ces sociétés, le Léthé, et qu’elle est le « Dante » de l’un de ses personnages les plus influents : Daniel Arlington.
Les bases sont posées, mais le plus dur reste d’intégrer toute une fratrie de communautés. Et des « maisons », malheureusement, il y en a beaucoup, ce qui fait quelques longueurs au début du roman, qui ont ralenti ma lecture. J’ai eu un peu de mal à entrer vraiment dans l’histoire, même si l’intrigue et le fond de magie noire de départ peuvent appâter le lecteur. Les membres des maisons de New Haven ont la capacité de « voir », « interagir » ou « utiliser » le monde des morts, les limbes, ou même les « morts » eux-mêmes, communément nommés les Gris, car perdus entre l’au-delà et notre monde. Alex Stern a la très rare faculté de les voir sans avoir besoin de prendre de substance, et c’est la seule raison qui la rend indispensable à la maison Léthé, car outre ce don, son passé est loin d’être à son avantage. Darlington, ainsi que ses confrères, espèrent en tirer profit afin de maintenir un certain ordre au sein d’une institution qui flirte un peu trop avec la magie noire, mais un meurtre brutal et une disparition soudaine vont les obliger à se concentrer sur une autre source de problèmes. Malgré elle, Alex va devoir se débrouiller seule pour démêler un embrouillamini de pistes, au milieu de personnages aussi faux que dangereux, tout en tentant de retrouver un semblant de normalité après avoir survécu à un passé sordide.
La première partie a été compliquée, j’ai dû lire quelques chapitres par-ci par-là, puis reposer le livre de temps à autre, avant de bien rentrer dans l’histoire, mais je n’arrivais pas à le lâcher pour autant. Il était hors de question d'abandonner cette lecture, parce que j’avais perçu son potentiel, et je suis contente d’avoir continué. Après la deuxième partie, tout s’enchaîne et on est entraînés dans cette enquête surnaturelle, mêlée de fantômes, d’histoire, de drogues aux pouvoirs très spéciaux, le tout sur un fond sombre à l’ambiance gothique.
Les quelques points qui m’ont dérangée toutefois, en dehors des longueurs du début, sont en premier lieu : le caractère de l’héroïne, Alex Stern. Certes, elle est courageuse, persévérante et a la réplique mordante. Jusque là, tout va bien… Seulement, elle a souvent eu des comportements irrespectueux, notamment envers le personnage de « North » qui aurait mérité un peu de compassion, plutôt que son mépris. L’auteure a tellement souhaité rendre l’héroïne forte qu’elle en devient parfois arrogante, à la limite de la « tête à claques ». Heureusement, ça n’arrive pas souvent. Quant au deuxième point, il s’agit pour moi du personnage de Darlington : érudit, intelligent et charismatique. Il perçoit les choses sans en faire des caisses et son passé le rend plus intéressant que l’héroïne elle-même. Malheureusement, son personnage est sous-exploité. On le voit trop peu, et c’est dommage. Ce fut en tout cas une belle surprise, passées les premières pages qui posent le décor, et je lirai sans hésitation la suite dès qu’elle sortira en France.
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