C'est l'Inuit qui gardera le souvenir du Blanc de Lilian Bathelot

C'est l'Inuit qui gardera le souvenir du Blanc
de Lilian Bathelot

Éditions Pocket

Sortie le 19 novembre 2020
Format broché / 256 pages / 7,30 €
 
Présentation de l'éditeur :

2089, dans une société hypertechnologique, tous les habitants de la planète sont reliés au réseau de surveillance de leur zone gouvernementale. Les territoires inuits, pourtant, ne suivent pas la règle commune ; là, pas de surveillance, une certaine liberté et de grands espaces sauvages où l’on peut retrouver la nature et des gestes ataviques. Les gouvernements planétaires tentent désespérément de trouver une parade à cette indépendance qui a, semble‑t‑il, fort à voir avec les narvals, et leur sonar si particulier. La jeune chercheuse inuit Kisimiippunga vient de terminer le rite ancestral de la Première Chasse. Alors qu’elle est seule au milieu de nulle part, elle voit surgir un traîneau sur lequel elle découvre un Européen blessé. Qui est‑il et que vient‑il faire ici ?


L'avis de Tan :


Derrière ce titre mi-poétique, mi-cryptique se cache en fait un roman mi-thriller, mi-science-fiction. Ou, pour être plus exacte, un thriller d'anticipation. En tout cas, c'est ce que dit une petite ligne à l'arrière du livre. On y découvre un monde divisé en deux avec une zone sécurisée où les habitants portent un implant et sont surveillés en permanence d'une part et une zone franche où la liberté et les traditions sont respectées d'autre part. Le besoin de contrôle des uns vient se heurter au besoin de vivre en paix des autres et chacun essaye de défendre son bifteck. Rien de bien inédit dans cette mise en situation pour les habitués de romans d'anticipation et de dystopies, hormis peut-être le fait de choisir une héroïne Inuite et de situer une partie de l'action au Groenland. Et encore... Smilla et l'Amour de la neige de Peter Høeg est déjà passé par là il y a 25 ans.

Les intentions philosophiques de l'auteur auraient pu être louables si elles avaient été un peu plus élaborées et plus originales, mais aux trois quarts du livre, les enjeux peinent encore à captiver. D'ailleurs, quel est vraiment l'enjeu du livre ? Est-ce le destin de l'héroïne ou est-ce le respect de cette frontière entre les deux mondes ? L'auteur ne donne jamais vraiment assez d'éléments au lecteur pour qu'il puisse choisir son camp, au grand risque de le voir se désintéresser assez vite de cette dichotomie. Il reste alors la possibilité de se raccrocher aux trajectoires des personnages, mais là encore c'est trop caricatural et superficiel. (Et cette manie d'utiliser "fille" pour qualifier les femmes de l'histoire.) Il faut dire que tout se déroule en deux jours avec deux groupes de personnes, dont un est absolument statique. Pour trouver de l'action, c'est ailleurs qu'il faut chercher, même s'il y a une tentative maladroite à la fin, avec un passage perturbant de l'usage du passé à celui du présent pour essayer de dynamiser les événements. Je ne m'attarderai pas plus sur l'aspect "technologies futuristes" qui est censé donner corps au côté science-fiction. Il ne vient qu'en appui, mais là encore, rien de très original.

En essayant de comprendre le petit engouement autour de ce livre, j'ai lu çà et là qu'il s'adresserait plutôt à un public adolescent, rayon dans lequel il n'est pas proposé. Et, en effet, il peut peut-être servir de porte d'entrée sur l'univers de l'anticipation. Le lecteur exigeant, quant à lui, passera son chemin, car ce roman est trop court pour développer tout ce qu'il y avait à développer afin de donner un peu plus de consistance au contexte, aux personnages et à l'histoire. Et si vous souhaitez vraiment découvrir les Inuits et leurs coutumes, mieux vaut vous tourner vers le rayon ethnologie.


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