Le voyage de Haviland Tuf de George R.R. Martin



Le voyage de Haviland Tuf
de George R.R. Martin

Éditions ActuSF

Sortie le 18 septembre 2020
Format relié / 506 pages / 21,90 €


Présentation de l'éditeur :

Par un exceptionnel concours de circonstances, Haviland Tuf, honnête négociant interstellaire sans grande envergure, se retrouve en possession d'un vaisseau de plusieurs kilomètres de long.

Jadis conçu pour être une arme mortelle, le navire abrite le secret d'une science aujourd'hui perdue, capable de cloner des milliers d'espèces végétales et animales disparues. Le potentiel commercial et militaire est énorme ! Pas question, pour les associés véreux de Tuf, de lui laisser une telle mine d'or entre les mains. Mais derrière ses apparences placides, le vieux bonhomme a plus d'un tour dans son sac...


Avis de Lauryn :

Premier point à signaler : le livre est un bel objet. Il s’agit d’une édition cartonnée, avec un papier de qualité, une tranchefile et un signet. La couverture, où l’on aperçoit une icône représentant le personnage principal, est aussi très belle.

Avec Le voyage de Haviland Tuf, George Martin fait une nouvelle incursion dans la science-fiction avec un talent indéniable. Son univers est riche, avec de nombreux mondes, dont certains colonisés par des humains qui se souviennent à peine de la Vieille Terre. L’auteur s’est beaucoup amusé avec la création de systèmes politiques différents, d’éco-systèmes et de technologies complexes. Tout ceci a une raison d’être, bien entendu, et constitue un socle solide d’où part l’histoire, a priori simple.

Haviland Tuf, marchand sans le sou, est engagé par une troupe de gens malhonnêtes pour qu’il les conduise sur l’Étoile de la Peste. Il croit qu’il s’agit d’une planète mais, en réalité, c’est un ancien vaisseau à germes, une plaie technologique inventée par les humains pour la guerre bactériologique. Abandonné depuis des siècles, il erre en orbite d’une planète, semant la mort à intervalles réguliers. Suite à un concours de circonstances parfois burlesques, Haviland hérite du vaisseau, et décide de devenir ingénieur écologue. Il entame alors un voyage à travers les mondes stellaires pour gagner sa vie grâce à sa nouvelle activité.

Le postulat de départ est simple, mais l’auteur a su l’enrichir grâce à des aventures soignées et non dénuées d’un certain sens moral. En effet, Haviland rencontre des peuples en proie à de graves problèmes, et son vaisseau, l’Arche, fait de lui une sorte de dieu, capable de dispenser la vie autant que la mort. Le lecteur peut donc, à loisir, s’interroger sur tout ce qu’implique cette idée ou, au contraire, se laisser porter par les réflexions des différents protagonistes et voir où cela les mène. En effet, dans sa manière de raconter les aventures de Tuf, je ne pense pas que l’auteur ait souhaité provoquer des questionnements particuliers chez le lecteur, mais qu’il le laisse appréhender l’histoire - ou les histoires - à sa guise. Car le roman est, en fait, séparé en plusieurs parties, qui se complètent et qu’il vaut mieux lire dans l’ordre, bien sûr, mais qui constituent une série d’aventures. L’ensemble est très bien fait, admirablement construit et riche en événements, même si les dialogues, parfois peu dynamiques (Tuf aime les phrases à rallonge), peuvent ralentir le rythme. J’ai adoré l’intrigue globale, pourtant simple, car elle est servie par un style très travaillé et des personnages complexes et fouillés avec soin.

Les personnages sont incontestablement le point fort du roman. Tuf, le personnage principal, n’a rien du héros classique. Grand, certes, mais obèse, glabre et doté d’un visage ingrat, il n’a pas grand-chose pour lui, le pauvre. Ajoutez à cela un amour inconditionnel pour les chats qui va le conduire à adopter des positions parfois délicates, il est aussi non-violent, honnête, pacifiste et végétarien. Et pourtant, le lecteur peut se demander s' il ne finit pas par être corrompu par le pouvoir de l’Arche. Tuf est donc plus complexe qu’il n’y paraît, et c’est agréable de le suivre dans ses aventures. Les personnages secondaires sont eux aussi très réussis et donnent une véritable consistance à l’ensemble de l’histoire.

Le style de Martin est assez soutenu, mais je n’ai pas trouvé que cela gênait le dynamisme de l’histoire. Au contraire, j’ai beaucoup apprécié ce point, et notamment les dialogues de Tuf, un adepte des phrases à rallonge et des mots un tantinet désuets, qui contrastent avec les autres protagonistes, instaurant un vrai décalage entre eux et lui. J’ai adoré !

Je vous recommande chaudement ce roman de science-fiction pure, si les quelques points que j’ai soulevés ne vous dérangent pas. Moi, j’ai totalement adhéré aux aventures de ce personnage ambigu qui, pour une fois, sort des schémas classiques des héros d’aventure.

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