Rencontre aux Imaginales 2013 : Petit-déjeuner avec Alexandra Ivy



Lors de ces Imaginales 2013, nous avons eu la chance d’organiser en partenariat avec le festival, un petit-déjeuner avec Alexandra Ivy, l’auteur de la série à succès parue chez Milady, Les gardiens de l’éternité.

Durant 1h30, nous avons pu poser des questions et échanger avec Alexandra autour de croissants, de pain au chocolat (c’est la première fois qu’elle en mangeait un !) et d’un verre de ... coca-cola ! L’auteur nous a en effet tous surpris en buvant du soda au petit-déjeuner.
Voici un compte-rendu de notre merveilleuse rencontre et quelques photos...


● À propos d'Alexandra Ivy ●

En vrac :

- Elle a 55 livres de parus aux États-Unis.
- Elle était déjà venue à Paris en voyage touristique et elle avait surtout visité les musées. Cette fois-ci elle s’est baladée dans Paris, avec Ken Scholes. Elle le trouve très amusant.

Son auteur favori :

Il y en a tellement ! Jane Austen (elle est toujours amoureuse de Mr Darcy), J.R. Ward (La Confrérie de la Dague Noire), Lara Adrian (Minuit), Larissa Ione (Demonica), Kate Daniels (Ilona Andrews)(elle était triste pour nous que la série ait été arrêtée), Sandy Williams (Sidhe)(elle vient juste de le commencer), Laurell K. Hamilton jusqu’au livre 9 (Anita Blake), Charlaine Harris jusqu’au tome 9 (La communauté du sud), Sherrilyn Kenyon (Dark Hunters) (elle nous a annoncé qu'une adaptation cinématographique était prévue), G.R.R. Martin (Game Of Thrones) avec qui elle a appris à ne pas s’attacher aux personnages, car ils peuvent mourir d'un instant à l'autre, ou à ne détester personne parce que, le tome suivant, l'auteur peut arriver à finalement nous le faire aimer. Et elle adore le nain, Tyrion Lannister, car il lui rappelle Levet, la gargouille des Gardiens de l'Éternité.

Elle lit également MaryJanice Davidson (Queen Betsy) et Karen Marie Moning (Fièvre) est l’une de ses auteurs favorites. 

La conversation a également dévié vers la romance érotique. Alexandra nous a demandé si on connaissait Maya Banks (qu’elle trouve très "hot") avec ses romances historiques et contemporaines. On a dérivé vers Fifty shades, Crossfire (elle trouve que Silvia Day est une très bonne auteur).

Le livre qu'elle a lu et relu, et qu'elle relira encore longtemps :

Alexandra relit Orgueil et Préjugés, de Jane Austen, tous les ans, ainsi que des séries fantasy comme celle de Tolkien.

Son genre de littérature préféré :

Elle adore le paranormal, mais aussi l’historique. Cependant, lorsqu'elle écrit, elle fait attention au genre de littérature qu'elle lit en parallèle pour ne pas être influencée. Car s'il s'agit de romance historique, ses vampires risqueraient de parler comme Mr Darcy !

Le nombre de livre qu'elle lit par mois :

5 à 10 livres. Elle lit tous les jours au moins deux heures. Autrement, elle est en manque. Elle a des tonnes de livres à lire sur son kindle, ainsi qu'une bonne pile de livres papiers.

Ses séries télévisées favorites :

Lorsque nous avons abordé le sujet des séries télévisées, nous sommes très vite passés sur celles d'origine française avant de parler de Castle qu'Alexandra adore (Nathan Fillon est trop mignon), mais aussi de True Blood et de Bones, qu'elle trouve éloignées des livres dont elles sont tirées. Et enfin, nous avons évoqué Rizzoli and Isles qu'elle apprécie beaucoup.


● Sur la littérature en général ●

Les genres littéraires :

C'était la première fois qu'Alexandra Ivy entendait le terme "bit-lit" — rien d'anormal à cela puisqu'il s'agit d'une invention française — et nous lui avons donc expliqué la différence entre ce genre littéraire et la romance paranormale. De son côté, l'auteur nous a appris qu'aux États-Unis, la classification se faisait différemment : les séries dont chaque tome est centré sur la romance d'un couple particulier sont classées en romance paranormale, tandis que les sagas qui reprennent toujours les mêmes personnages sont mises sur l'étagère de l'urban fantasy.

"Vraie" littérature vs littérature dite "populaire" : maintenant c'est le lecteur qui décide :

Alexandra Ivy nous a expliqué qu’aujourd’hui, aux États-Unis, dans les librairies, on ne laisse plus la romance, la romance paranormale, l’urban fantasy et le thriller dans le fond de la boutique. Les romans de ces genres sont mis en avant sur les présentoirs et dans les vitrines. Les libraires n’ont plus honte d'en vendre. Les librairies avaient commencé à disparaître car les Américains se sont rendu compte que ce qu’ils n'y trouvaient pas, ils pouvaient l'acheter sur Amazon. Maintenant les libraires ne décident plus ce qu’on doit lire, ce sont les lecteurs qui le font.
Jocelyne Bourbonnière, la traductrice, a précisé que les Américains ne font pas de différence entre la littérature sérieuse et le reste comme on le fait en France.

Les attentes des lecteurs par rapport à la romance :

Alexandra Ivy considère que la romance doit avoir une fin heureuse. Elle ne peut pas écrire un tome avec une fin tragique, parce que ce ne serait pas une romance pour elle. Et c’est justement une fin heureuse que demandent les lecteurs. D'ailleurs, en tant que lectrice, Alexandra Ivy a cessé de lire Nicholas Sparks à cause des fins tragiques qu'ont ses romans.
Jean-Luc Rivera, représentant le festival des Imaginales, ajoute : « Donc vous aimez qu’à la fin, ils vivent heureux et aient beaucoup de petites créatures ? » (rires) « Yes ! »

La lecture dès le plus jeune âge :

Pour Alexandra, c’est la faute des parents si les enfants ne lisent pas. Ces parents qui se plaignent sont ceux chez qui il n'y a aucun livre. D'autre part, quand les enfants sont jeunes et qu'ils aiment lire, ça peut être l’école qui les en dégoûte car qu’ils doivent lire des auteurs comme Dickens.
Le fils d'Alexandra est enseignant de littérature et a une section "romans graphiques" ("graphic novels") et fantasy. Le principe pour lui est le suivant : si les enfants trouvent quelque chose qu'ils aiment, alors ils liront. Au contraire, forcez-les à lire des livres qu'ils détestent et ils arrêteront de lire.
Si Alexandra Ivy devait lire Dickens tous les jours, elle arrêterait de lire. Elle l’adore, mais à petites doses.



● Sur les Gardiens de l'Éternité


Les prochaines publications :


Alexandra a écrit une nouvelle assez longue sur la gargouille Levet. Bragelonne pense la publier dans un recueil de nouvelles, mais aucune date n'est encore arrêtée. Cette nouvelle se déroule à Paris. C’est d’ailleurs il y a 10 ans, lors d’un voyage à Paris avec son fils, qu’Alexandra a eu l’idée du personnage de Levet.

En France, le tome 9 sur Caine sort en juin chez Milady.


L'inspiration qui a fait naître la série :

Buffy contre les vampires est le point de départ. Elle écrivait de la romance historique quand elle s'est lancée Dante, le premier tome des Gardiens de l'Éternité. Mais c’était juste pour son propre plaisir. Elle aime l’horreur, l’aventure, le sexe. Mais elle n’avait jamais rien lu comme ça auparavant. Elle avait lu Laurell K. Hamilton, mais c’était trop sombre. Et elle voulait ajouter une touche d’humour comme dans Buffy. Mais, encore une fois, c’était juste pour le plaisir au début. Et c’est toujours fun à écrire, c’est pourquoi elle continue.

L'inspiration qui a fait naître les personnages :

Levet a donc été créé à partir d’une gargouille vue à Paris, mais est-ce que d’autres personnages sont inspirés de la vie réelle ? Alexandra nous apprend que toutes les héroïnes ont une part d’elle-même, de son caractère. Et tous les personnages masculins sont une combinaison des meilleures qualités des hommes qu’elle a rencontrés. De beaux mecs, intelligents. Des gars qui savent se battre, mais qui ne sont pas vraiment agressifs. 

Son roman préféré de la série :

C'est toujours celui qu’elle est en train d’écrire.

Le nombre de romans de la série :

Il y en a treize de prévus. Elle voudrait faire un spin-off, comme Jeaniene Frost a pu le faire, mais c’est difficile quand il y a des personnages différents dans chaque livre. Cependant, elle a écrit des anthologies, et certains de ses personnages n'existent que dans celles-ci. Quand elle écrit des anthologies, elle écrit pour qu’on n’ait pas à lire les livres de la série, et parce que certaines personnes n’aiment pas lire des histoires courtes. Ce sont donc des histoires à part, qui n'ont pas d'influence sur la trame de la série.


● Sur ses autres romans ●


À l'horizon :

Elle est en train d’écrire une nouvelle série, Sentinels. Ça n’a pas encore été publié aux États-Unis. C’est plus comme les Avengers ou les X-mens. C’est toujours de la romance, mais il n’y a pas de vampires ou de loups-garous. Il est plus question d’humains avec des talents spéciaux comme des sorcières, des nécromants, des psys. C’est encore paranormal, mais c’est un peu différent. Et elle est enthousiasmée par ce nouveau projet. La nouvelle série sera néanmoins moins drôle que celle des Gardiens de l’Éternité.

Ses romances historiques :

Elle n’a rien entendu sur la possibilité de la publication de ses romances historiques en France. Son éditeur américain est en train de les rééditer cette année. La romance historique aux États-Unis ne se vend pas très bien, mais Alexandra nous a appris que ça fonctionne par cycle, ça va surement revenir.

Sa période historique préférée pour situer ses romances :

La Régence de 1820, mais elle aime les lieux un peu exotiques comme Venise, ou l'Égypte. Le cadre anglais est sympathique, mais elle aime les pays différents. Quelque chose d’inhabituel. Elle aime apprendre quelque chose quand elle lit de la romance historique. C'est pourquoi elle adore les livres de Loretta Chase.

Ses genres préférés pour écrire :
La romance, parce que c’est ce qu’elle aime lire. Elle pense qu’on ne peut pas écrire sur un genre qu’on n’aime pas. Elle adorerait écrire de la fantasy épique parce qu’elle aime en lire, mais c'est trop pour elle. Elle avait commencé à écrire une pièce de théâtre pour ses études et même là, elle ne pouvait pas faire quelque chose de sombre. Elle a essayé quelques romantic suspense. Elle en a lus, mais ce qu’elle préfère est vraiment la romance. L’histoire de deux personnes qui tombent amoureuses. Quand elle a commencé à écrire de la romance, elle a senti que c'était son genre de prédilection, qu'elle était tombée juste.
Elle aimait beaucoup écrire de la romance historique (c’est son premier amour), mais elle apprécie vraiment les interactions entre mecs, les fraternités d'un clan, les histoires d’amour et l’aventure que l'on retrouve dans ses romances paranormales. Dans la romance historique, on n’a pas vraiment ça.
Même dans certaines de ses romances historiques, il y a des vampires. Elle ne peut pas s’arrêter, c’est une maladie (rires).

Son processus d'écriture :

Après avoir écrit une même série pendant longtemps, elle a besoin de faire une pause et d'écrire autre chose, tout comme son public a besoin de faire une pause avec elle. Elle essaie alors quelque chose de nouveau ou de différent. Et quand elle en revient à écrire les Gardiens de l'Éternité, c’est confortable, comme de remettre ses vêtements préférés.

S’il lui arrive d'avoir le syndrome de la page blanche, elle continue à écrire, même si elle jette tout par la suite. Parce que si elle ne le fait pas, elle reste dans l’état « oh, je ne peux pas travailler ». Donc tous les jours, elle se force à écrire tant de mots. Mais elle ne se laisse jamais se dire « je ne peux pas écrire ». Spécialement quand elle a un problème avec une scène, elle revient en arrière et la regarde du point de vue d’un autre personnage. Parfois c’est juste ce qu'il faut et parfois ça veut dire qu’elle va dans la mauvaise direction.
Elle écrit tous les jours, 7 jours sur 7, même quand elle est en voyage, mais là elle n’a pas beaucoup écrit, alors qu’elle aurait dû. Elle avait douze heures de voyage et elle n’a rien écrit. Son cerveau était comme fermé. 
Elle ne prend jamais de vacances et elle est une auteure compulsive. Elle a besoin d’écrire tout le temps et quand elle commence il faut qu’elle finisse ce qu’elle a écrit, pour ne pas perdre le fil et parce qu’elle a peur de perdre son inspiration.

Pour créer une histoire, elle y pense longtemps à l’avance et laisse ça mûrir dans sa tête. Elle fait quelque chose de bizarre, elle s’assied et, dans sa tête, fait une interview de ses personnages. Elle leur pose des questions, trouve leurs peurs et découvre leur passé. Et comme ça, elle les connaît, les découvre. Et quand elle sait leurs faiblesses, elle voit comment elle veut qu’ils grandissent et évoluent. Alors elle trouve l’action, les défis qu’ils devront relever, les aventures qu’ils devront vivre pour évoluer. Et il y a toujours l’idée de fil conducteur pour les emmener là où ils doivent aller. Quand elle écrit, ses personnages deviennent réels pour elle : elle peut nous parler de leur mère, de leur père, de leurs frères et sœurs. Si elle n’était pas écrivaine, elle serait internée et porterait une camisole parce qu’elle entend des voix.
Elle planifie ses histoires. Et si, au milieu de la nuit, elle a une idée, elle se relève pour la noter parce qu’on dit qu’on se rappellera le lendemain, mais on oublie toujours.

Elle a un story board, sinon elle écrirait trop. Le story board est très spécifique, par exemple, au milieu du livre, il faut que l’histoire en soit là. Sinon elle aurait des livres énormes, avec trop de pages. Elle aime beaucoup les scènes avec des émotions, les scènes d’amour et elles prendraient tout le livre. Grâce au story board, elle sait où ajouter de l’action pour compenser avec les scènes sentimentales. Ça lui permet de travailler en fonction de ce qu’elle veut faire et ne pas arriver au milieu du livre et ne pas avoir fait de scènes d’action.

Ses fils et son mari se sont habitués à ses rythmes. Pendant dix ans, elle a même eu un rythme complètement décalé quand ses enfants étaient petits. Elle dormait de 20h à minuit, elle travaillait de minuit à 3h et elle redormait de 3h à 6h. Pour ses 5 premiers livres, elle a travaillé comme ça. Elle ressemblait à un zombie. Quand elle allait à leurs évènements (entraînements de foot, spectacles...) elle écrivait sur un bloc-notes. Lors des spectacles, elle se mettait dans le fond et les autres parents disaient d'elle qu'elle était la "crazy mother" et qu'il ne fallait pas s'inquiéter (rires). Au début, elle écrivait à la main puis elle a tapé à l’ordinateur, mais elle a du mal à penser devant un PC. Ça la rend nerveuse.

Maintenant qu’elle n’a plus ses enfants (ils sont grands et ne vivent plus chez elle), elle est très vilaine : quand elle est au milieu d’un livre, elle peut écrire jusqu’à dix à douze heures par jour. 

C'est quand elle était à la maison avec ses enfants, et quand ils faisaient la sieste, qu'elle a commencé à écrire pour le plaisir, parce qu'elle aimait lire. Selon elle, tous ceux qui aiment lire peuvent essayer de se faire publier. Mais elle précise qu'il lui a fallu dix ans pour l'être et que si on n’a pas une bonne carapace, c’est un métier difficile. Elle a eu beaucoup de refus. Et une éditrice lui a dit qu’elle devrait penser à changer de métier. Mais l’année dernière, en Californie, cette éditrice est venue vers elle et lui a demandé si elle voulait aller manger avec elle. Et Alexandra lui a dit qu’elle n’avait pas le temps. C’était vingt ans plus tard, mais c’était beau.



Nous souhaitons remercier Alexandra Ivy pour sa gentillesse et sa bonne humeur. Jocelyne Bourbonnière pour ses traductions et sa participation très appréciée. Jean-Luc Rivera et le festival des Imaginales pour nous avoir permis d'organiser ce petit-déjeuner vraiment sympathique. Merci aux éditions Bragelonne et Milady pour avoir invité Alexandra en France. Merci aux participants d'avoir été présents et aux membres du staff d'avoir participé et animé ce petit déjeuner.

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