Memories of Retrocity

Memories of Retrocity
de Bastien Lecouffe Deharme

Editions du Riez
Roman graphique

Sortie en avril 2011
Grand format / 124 pages / 30€


Présentation éditeur

A la veille de l'hiver 2004, William Drum, ex-inspecteur de la police criminelle de Chicago, est exilé par ses superieurs à Retrocity.
Cité déchue, fermée sur elle-meme, que l'on tente de faire disparaitre des consciences depuis plus d'un demi-siecle.
A l'aide d'une machine à écrire trouvée dans son appartement, William se lance dans la rédaction de son journal de bord, et s'enfonce dans la ville.
Une ville hors du temps, que les citoyens ont depuis longtemps désertée.
Une ville où la mécanique remplace les organes humains.
Une ville malade et rongée par un étrange virus.
Une ville de laquelle on ne revient pas.

Avis d'Asmodée

Aussi beau soit-il, Memories of Retrocity n'est pas un simple livre. Le décrire comme une expérience à l'imaginaire débridé, fiévreuse dans son inspiration, serait plus adéquat. L'œuvre de Bastien Lecouffe Deharme flatte l'œil par une beauté de chair et de mécanique fusionnée. Elle immerge l'esprit dans les méandres d'une histoire sombre et glauque, digne des meilleures références de la SF et du roman noir. Memories of Retrocity se lit, s'admire, mais s'écoute aussi, grâce au CD qui invite le lecteur à se perdre dans les bas-fonds d'une cité en quarantaine, décrépite et figée dans le temps depuis les années 50. Le support audio propose une narration vocale d'extraits de textes, sur des airs souvent très jazzy et des sons d'ambiance oscillant entre le psychédélique et l'opressant.

Ce roman graphique raconte la descente aux enfers de William Drum, un ex-flic déchu de ses fonctions. Celui-ci doit enquêter sur la tentaculaire Corporation Hover qui administre entièrement la ville, de son économie à la religion. Le nouvel arrivant va découvrir un univers étrange dans lequel l'homme, la machine et les objets ont tendance à se fondre les uns aux autres. Une allégorie tout en prothèses artificielles de peau, d'écrous et de métal. Le responsable de cet impossible amalgame serait un virus du nom de Retro Processus, qui aurait poussé le monde extérieur à isoler la cité et la rayer des cartes en empêchant quiconque de s'en échapper.

Perdu dans cette ville froide et sans espoir, coupée du monde, William va faire la connaissance d'une femme. Au fur et à mesure que son investigation progresse, se dévoilera pleinement l'étendu du cauchemar qui est sien. De troublantes rencontres en révélations, il deviendra évident que Retrocity, sanctuaire hors du temps et affranchi de toute éthique, absorbe ses habitants pour ne faire plus qu'un avec eux. Une cité vivante peuplée de mourants et d'androïdes au regard transperçant les ténèbres.

L'histoire, sous forme de journal de bord tapé à la machine à écrire, est prenante à suivre. Une fois commencée, on tient à en connaître le dénouement. Bastien Lecouffe Deharme insuffle une poésie sombre et pessimiste à son univers poli dans les moindres détails. L'architecture insalubre, la mode évoquant les années 30… L'auteur/artiste déploie un réel savoir-faire pour mettre en mots et en images l'onirisme de sa créativité. Ses illustrations bénéficient d'un traitement photos, de montages et de dessins traditionnels qui rendent chaque page unique. Visuellement, le résultat est bluffant.

Les éditions du Riez enrichissent leur catalogue d'une pièce rare : un livre grand format, à la couverture en relief et au papier glacé. La mise en page est fouillée, stylée, donnant un ouvrage d'une qualité irréprochable. Si ce sont la chair humaine et la mécanique qui s'entremêlent dans Memories of Retrocity, le texte et les images se conjuguent de leur côté pour offrir une œuvre somptueuse. Un roman graphique qui séduira les amoureux d'esthétiques et d'atmosphères dans la veine de Blade Runner ou de Dark City.

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