Le Dieu caché, de J-F. Dubeau



Le Dieu caché
de J-F. Dubeau

Éditions Bragelonne

Sortie le 14 octobre 2020
Format broché / 416 pages / 18,90 €


Présentation de l'éditeur :

En apparence, Saint-Ferdinand présente tous les signes d'un village tranquille : une rue principale depuis laquelle s'étend un paysage de fermes, un poste de police modeste, quelques restaurants et cafés, une épicerie... mais à mieux y regarder, on trouve là-bas quelque chose d'inhabituel : ce cimetière beaucoup trop grand et trop bien rempli, pour une communauté de cette taille. Il accueille les victimes du tueur de Saint-Ferdinand, insaisissable depuis près de deux décennies. Un homme enfin est arrêté... mais le village s'avère être la proie de forces encore plus sombres. 

Quand un mal sans nom se révèle à Venus McKenzie, une adolescente du coin, elle découvre que le pouvoir de cette créature est lié de longue date à Saint-Ferdinand... et que les meurtres en série ne font qu'effleurer la surface d'un passé chargé de funestes secrets.

L'avis de Lila :

La ville de Saint-Ferdinand dissimule bien des secrets, parmi lesquels un Dieu qui n’a rien de miséricordieux, mais qui semble heureusement plus ou moins sous contrôle. On découvre assez vite qu’une bonne partie des habitants est impliquée à des degrés divers dans la situation. Certains veulent le détruire ou, a minima, l’empêcher de faire trop de dégâts, tandis que d’autres espèrent l’asservir. On va d’ailleurs en suivre plusieurs (pour ne pas dire beaucoup) d’entre eux.

Je recherchais un bon roman horrifique et celui-ci promettait des nuits blanches à trembler d’effroi. Malheureusement, l’éditeur, comme souvent, a placé la barre à une hauteur difficile à atteindre en évoquant, directement en couverture, un roman « entre Stephen King et Stranger Things ». Le maître de l’horreur et la série fantastique la plus cool de ces dernières années ? Évidemment, je me suis empressée d’acheter. À cela, il faut ajouter, sous le résumé, des critiques plus dithyrambiques les unes que les autres venant de magazines américains et de collègues de l’auteur. Vraiment, on nous le jure, croix de bois, croix de fer, c’est le roman le plus passionnant de la décennie, un véritable « chef d'œuvre ». Je devrais le savoir depuis le temps, quand on nous promet la lune, on décolle rarement plus haut que le poteau électrique, mais j’avais envie d’y croire... Bilan : on reste à des années-lumière du génie de Stephen King. Quant à Stranger Things, je cherche encore la raison de cette référence : on a quelques ados parmi les personnages, ça s’arrête là.
 
Ce roman n’est pas mauvais pour autant et ma lecture a globalement été plaisante, même si dans le dernier tiers l’ennui m’a totalement gagnée et que j’avais vraiment hâte d’en finir. J’espérais être terrifiée, ce ne fut pas le cas. On a quelques moments gores, d’autres avec un peu de suspense, mais à aucun moment je n’ai été stressée comme j’ai pu l’être en lisant, par exemple Shining, Misery ou Ça (de Stephen King, justement).

Pour les bons points, on pourra évoquer la plume maîtrisée de l’auteur. Il sait où il va, il gère bien sa multitude de personnages et le découpage de son histoire. On a du rythme, quelques rebondissements et une certaine tension (même si elle n’a pas eu d’effet sur moi, elle est présente). On peut également lui concéder de l’imagination et un certain sens de la mise en scène. Je dois reconnaître que j’ai eu, pour une fois, l’impression de lire un roman horrifique plutôt original. 

Malheureusement, je me suis parfois ennuyée et plus encore vers la fin. Le début est prenant : un village paumé, des cadavres en morceaux partout, des personnages aux intentions ambiguës, du paranormal en veux-tu en voilà… On ne sait vraiment pas où l’auteur va nous emmener et on est prêt à frissonner de partout. Puis le soufflé retombe. On suit des tonnes de personnages, dont certains qui ne servent pas à grand-chose, les discussions s’enchaînent et l’action se réduit. On nous promet un Dieu libéré prêt à répandre sa colère divine : énervé, il l’est, libre, pas du tout. Et on attend, justement, qu’il se libère pour assouvir sa terrible vengeance, on nous l’a promis après tout. Mais il faudra pour cela patienter en réalité jusqu’à la fin du roman, où tout se règle en quelques pages, pif paf pouf, c’est terminé, rentrez chez vous. De nombreuses questions restent d’ailleurs en suspens, comme si l’auteur avait privilégié une suite possible plutôt qu’une fin vraiment satisfaisante.

En résumé, l’horreur est là (même si je n’ai jamais eu peur), l’ambiance de petit village plein de secrets est réussie, le roman est bien écrit, plutôt original, mais je me suis finalement ennuyée. Les personnages sont trop nombreux, certains ne servent à rien, d’autres viennent faire coucou puis repartent, et, pour la plupart d’entre eux, ils sont insipides ou peu attachants. Je n’ai jamais réussi à m’immerger vraiment dans l’histoire. Il y a de vrais bons points à soulever et je peux comprendre que certains auront apprécié la lecture, mais en ce qui me concerne j’ai été déçue. On m’avait promis une nuit de folie avec Beyoncé, j’ai fini au MacDo avec Vianney (contre qui je n’ai rien, cela dit). Et c’est vraiment dommage. Ce roman n’est pas un flop, il est plutôt bien, mais finalement décevant et peu terrifiant : quand les promesses sont aussi démesurées, la déception est forcément plus grande.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Webzine