L'évangile cannibale de Fabien Clavel


L'évangile cannibale
de Fabien Clavel

Éditions Hélios

Sortie le 5 avril 2018
Format poche / 288 pages / 8 €


Présentation de l'éditeur :

Aux Mûriers, l'ennui tue tout aussi sûrement que la vieillesse, jusqu'à ce que Maglia, la doyenne de la maison de retraite, ne voit en rêve le fléau s'abattre sur le monde. Après quarante jours et quarante nuits de réclusion, les pensionnaires décident de sortir et entrent en chaises roulantes dans un Paris dévasté, devenant les proies de créatures encore moins vivantes qu'eux. Qui se déplace le plus vite... un zombie ou un petit vieux en déambulateur ?

Avis de Lauryn :

Fabien Clavel signe ici un roman de zombies truculent, original et centré sur la psychologie du genre humain. 

Après une lecture difficile où l'auteur mettait 150 pages à planter son décor, j'ai apprécié avec d'autant plus de force le fait qu'ici, en une trentaine de pages, vous savez où vous êtes, qui est le personnage principal (un vieux con aigri et pétri de haine) avec, déjà, les prémices de l'aventure qui l'attend, lui et ses compagnons d'infortune. Quelques pages suffisent à l'auteur pour installer son apocalypse et la rébellion de ce petit groupe de vieux, enfermés dans un étage de leur maison de retraite, prêts à tenir un siège. Quand ils sortent, ils découvrent un Paris dévasté et occupé par des zombies. Très vite, Matt, le vieux con, décide de prendre les choses en main. C'est lui qui raconte l'histoire en enregistrant toutes ses pensées et ses mésaventures sur un enregistreur dernier cri. Ainsi, le lecteur assiste aux différentes tentatives du petit groupe de vieux pour survivre, puis pour se trouver un nouvel objectif, une raison de vivre : repeupler le monde. Rien que ça. À ce moment, il est clair que, depuis plusieurs chapitres, Matt file un mauvais coton. Paranoïaque, narcissique, instable et envieux de tous, il rumine toujours des pensées empreintes de violence, persuadé qu'une force invisible, "eux", agit contre lui.

Sans jamais plonger le lecteur dans l'ennui de cet aspect psychologique de l'histoire, l'auteur réussit à dévoiler les différentes facettes de Matt, tour à tour sauveur de "son groupe de vieux" ou véritable salaud. Le lecteur tourne les pages, suit avec angoisse les pérégrinations de ces anciens qui ne peuvent rien espérer d'une ville envahie par les zombies, si ce n'est une mort violente et particulièrement douloureuse. Le lecteur s'accroche au récit, attend avec un brin d'anxiété que survienne l'inévitable. Et lorsqu'on arrive à la fin, c'est la claque. Si elle semble évidente et parfaitement logique, vu tout ce qui s'est produit, elle amène pourtant un grand nombre de questions, qui ne trouvent pas forcément de réponses évidentes. Cette absence de réponses risque peut-être de gêner certains lecteurs, ceux qui aiment un final sans équivoque. Moi, cette fin m'a plu, justement par son côté ouvert, et j'ai apprécié d'imaginer nombre de ramifications possibles car ce n'est pas seulement le futur de Paris ou de l'humanité qui reste mal défini, mais aussi certaines composantes même de l'histoire, grâce - ou à cause - de ce personnage proche de l'insupportable qu'est Matt. Je n'en dirai pas davantage, mais ce côté-là aussi est pour moi une des réussites de ce roman. Je ne suis pourtant pas une fan des romans de zombies, mais celui-là m'a vraiment convaincue.

À noter un petit détail typographique : l'absence de majuscules pour les noms de villes, lieux ou personnages. Un choix plutôt étrange.


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