Interview Milady Tour 2014 - Maya Banks



À l'occasion du Milady Tour, nous avons eu la chance de rencontrer et d'interviewer plusieurs auteurs présentes. Nous vous en proposons une retranscription et une traduction. Merci à Rory, Lila et Méli pour leur aide !

Voici l'interview de Maya Banks, l'auteur des sagas À fleur de peau et KGI que le staff a pu rencontrer lors du Milady Tour. Une rencontre très agréable. Venez en découvrir un peu plus sur elle et sur son univers.


Qu’est-ce qui est le plus facile à écrire pour vous : romance historique, romance érotique ou romantic suspense ?

Aucun de ces genres n’est particulièrement facile à appréhender. [...] La série KGI a été difficile à écrire. Je pense que le plus dur pour moi est la romance érotique contemporaine. Je ne sais pas vraiment pourquoi. [...] Pour moi, il ne s'agit pas que de sexe ; les scènes sexuelles doivent avoir une signification. Elles doivent faire avancer la relation, ou empirer les choses. Mais à chaque fois que les héros couchent ensemble, cela doit vouloir dire quelque chose, que ça soit bon ou mauvais. Si l'on se contente d’enchaîner les scènes sexuelles entre le petit-déjeuner et le déjeuner, et que rien d'autre ne se passe, qu'ils ne se parlent pas, c'est inintéressant. Je ne vois aucun intérêt particulier à lire ou écrire ce genre de scènes.
Je dirais que le genre le plus facile à mettre en scène est la romance contemporaine. Juste parce que c'est sympa et que je peux y mettre de l'humour, de l'émotion, toutes sortes de choses que je ne pourrais pas placer dans un autre genre.

Quel que soit le genre que vous écriviez, il y a toujours plus ou moins un mâle dominant. Quelle en est la raison ?

La romance tient au domaine du fantasme, il s'agit de s'évader. La plupart des femmes ne veulent pas d'un mec indécis et froussard (rires). Même si elles ne veulent pas d'un mâle alpha fort et protecteur dans la vie réelle, c'est toujours sympa d'en avoir dans la lecture. Vous ne voulez pas lire un roman avec un homme froussard et ringard, vous voulez un homme sorti de vos fantasmes. [...] Par exemple, j'écris des romans BDSM (ou « dominant(e)/soumis(e) »), et, vous pouvez demander à mon mari, je suis la chose la plus éloignée qui soit d'une soumise, vraiment, nom de Dieu  ! S'il essaie un jour de me dicter ma conduite, je lui tranche la tête (rires). C'est tout à fait possible d'écrire quelque chose, d’écrire avec émotion, [sans en avoir fait l'expérience]. [...] J'ai la capacité – même si [son mode de vie] n'est pas dans mes pratiques, dans ma nature – de me mettre à la place d'un tel personnage, et d'avoir une très bonne idée de ce qu'il peut ressentir. J'ai toujours été capable de voir les deux côtés de la balance. Lorsque deux personnes se disputent, je peux me mettre de deux côtés et dire : « Vous avez tous les deux raison et vous avez tous les deux tort, pour telle, telle et telle raison ». Et je pense que ça m'aide pour l'écriture.
En ce qui me concerne, j'adore – j'adore, j'adore – l'Alpha sensible et attentionné, je n'aime pas les Alpha qui sont des enfoirés et des cons, des crétins, je n'aime pas les crétins.

D'un autre côté, vos héroïnes elles aussi sont solides et ont de fortes personnalités.

Je suis heureuse que vous disiez ça, car j'ai reçu des plaintes disant que certaines de mes héroïnes étaient faibles et froussardes. [...] Mes héroïnes favorites sont celles qui peuvent être un peu faibles au début, un peu fragiles, ou qui ont vécu un traumatisme ; j'adore les voir évoluer au cours de l'histoire. Elles commencent faibles et blessées  et elles finissent par être kick-ass. Pour moi, si l'on écrit une héroïne qui est kick-ass, forte, badass dès les premières lignes et qu'elle est toujours kick-ass, forte, badass à la fin... de quelle manière a-t-elle changé ? Elle n'est rien de plus qu'un personnage bateau, stagnant, nous n'avons rien appris de nouveau sur elle, elle n'a rien appris de nouveau sur elle-même, car elle est la même qu'à la première page.

Vous aimez l'évolution des personnages ?

Oui, j'adore voir des femmes qui ne se seraient pas senties comme telles [(kick-ass)], et qui, à la fin, bottent les fesses de tout le monde. Elles ont appris à se défendre ; c'est mon type d'héroïne préféré. Je suppose que certaines personnes ont raison lorsqu'elles disent que j'écris des héroïnes plus faibles, mais elles n'ont pas une vue d'ensemble, elles ne se remémorent que les tout premiers chapitres du roman, elles ne contemplent pas l'ensemble de la chose et ne voient pas que la manière d'être de l'héroïne dans les premiers chapitres n'est pas la même à la fin du livre.

Les séries Houston Forces Spéciales (Sweet en VO) et Fever (Breathless en VO) traitent un peu du même milieu, le BDSM, mais l'une des deux est plus "soft" que l'autre. Pourquoi ?

Aucune des deux ne peut être étiquetée « douce » (rires). [...] Si l’on compare Douce obsession, le tome 4 de la série Houston, aux autres opus de la saga : ils n’ont rien à voir. Mais c'est dû au personnage principal, Micah ; il y a beaucoup de choses sur lesquelles il doit travailler dans sa vie. La raison qui le pousse à être méchant envers Angelina et à la repousser est pour moi évidente en tant que lectrice. Dans tous les livres avant celui-là, ce n'est pas un con... les gens me disent : « Vous avez gâché sa personnalité, vous n'êtes pas restée cohérente avec son personnage. ». Je réponds : « Ce n'est pas vrai. Dans les romans précédents, vous ne l'avez vu qu'à travers les yeux d'autres personnes. ». Et elles ont vu ce qu'il voulait qu'elles voient. Mais une fois que vous entrerez dans sa tête, c'est là que vous allez le connaître. Il ne voulait PAS tomber amoureux d’Angelina. Et c’est pour cela qu’il ne cesse de la repousser. Car il estimait que c’était mal, il n’était pas prêt ; soudainement la petite sœur de son meilleur ami s’est mise à le draguer, en gros. Il l’aime physiquement, mais elle est un fruit défendu et il n’a pas besoin de ça pour le moment, il est effrayé par les sentiments qu’il a envers elle, il essaie donc de la repousser. C’est pourquoi ce livre est plus « hard », car c’est comme un concours entre eux deux : qui cédera le premier ? Elle lui dit plus ou moins : « Tu peux balancer n’importe quoi, tu ne me feras pas partir. ». Et un peu plus tard, il dit : « Si. Je vais te rendre les choses si difficiles que tu vas partir, tu vas réaliser que tu n’es pas ce type de personne (ndlr : une soumise) ». Son personnage est plus dur que ceux des autres romans ; c’est probablement l’un des livres les plus controversés de cette série.

J’ai trouvé l’histoire de Damon et Serena, dans Douce persuasion, le tome 2 de la série Houston, dure également. On plonge vraiment profondément dans l’univers BDSM.

Oui. Ce qui me semble intéressant est que les lecteurs me disent souvent que c’est leur livre préféré de toute la série.  Tout le monde le dit ; « C’est mon livre préféré [...], il n’y en aura jamais de meilleur ». C’est drôle parce que j’ai moi-même des favoris parmi mes romans – la plupart des auteurs vous diront « je ne peux absolument pas choisir ! » – et mon livre préféré est probablement celui de Julie et Nathan [Douce séduction, le tome 3] ; Damon et Serena se classent vers la fin. J’adore Julie, mais la plupart des lectrices n’aiment pas les femmes agressives, confiantes et directes. Car les femmes sont par nature en concurrence les unes avec les autres, elles n’aiment donc pas ces qualités chez une autre femme. Elles se sentent menacées. Et je pense que c’est pour cela que beaucoup de lectrices ont réagi comme elles l’ont fait, car [Julie] est un personnage très fort et percutant. Elle dit ce qu’elle pense, elle est très confiante, elle sait prendre soin d’elle, j’adore son personnage, vraiment. [...] [Douce possession, le tome 5] est mon second favori. Et j’ai su dès le début que j’allais adorer l’histoire de Connor, l’a-do-rer.

Avez-vous écrit les séries Houston et Fever car c’était ce que les lectrices avaient envie de lire à ce moment-là ou parce que c’était votre envie à vous ?

Dans un sens, il y a tellement de nouveaux lecteurs de romance érotique qu’ils ne réalisent pas que c’est le second grand pic de popularité du genre. Le premier grand pic a eu lieu en 2005 et 2006. C’était au moment où l’édition numérique commençait à prendre son envol [...]. Avant cela, la seule façon d’avoir du contenu érotique – et je ne suis même pas sûre que qui que ce soit écrivait de la romance érotique – était via un livre papier, et les femmes n’osaient pas lire ça en public. Tout d’un coup elles ont eu la possibilité de lire ça sur leur Kindle et personne ne pouvait les juger, personne ne pouvait voir [ce qu’elles lisaient] ; ça a explosé dans tous les sens. J’ai eu la chance de monter dans le train plus ou moins avant ce grand pic de popularité ; Colter’s Woman (ndlr : inédit en français) a été publié en 2006, c’est mon livre le plus vendu de tous les temps. C’était une période où il n’y avait aucun autre roman de la sorte dans le commerce. Il y a ensuite eu une accalmie sur le marché, et de nombreux éditeurs qui avaient créé des collections pour la romance érotique les ont supprimées ou ont réduit le nombre de parutions, passant par exemple de quatre par mois à une par mois. J’ai eu de la chance, car j’ai survécu à cette baisse, même avec ça, mes ventes continuaient à augmenter à chaque roman. Le second grand pic de popularité est arrivé juste après que j’ai eu fini le dernier roman de la série Houston Forces Spéciales. Je me préparais à écrire la trilogie Fever, et c’est à ce moment que l’explosion est arrivée. La seule chose qui m’a vraiment énervée a été la suivante. J’ai publié l’histoire de Damon et Serena [Douce persuasion, le tome 2 de la série Houston] en 2008. C’était trois ans avant que quelqu’un ne fasse ne serait-ce qu’entendre parler de E. L. James. Et pourtant, il y a eu tellement de gens qui ont lu E. L. James et qui se sont dit : « Oh, je veux plus de livres comme ça ! » et qui sont venus trouver mes romans. Et l’instant d’après, elles m’accusent de récolter les fruits du succès d’E. L. James avec un roman que j’ai écrit et publié trois avant que quiconque ne sache qui elle était ! (Rires) [...] Je me disais : « Attendez un instant, pourquoi ce n’est pas elle que l’on accuse de voler mon succès ? ». J’avais signé un contrat en premier ! Ce n’est pas juste parce que l’on a un contrat qu’on vole le succès de quelqu’un, c’est juste stupide. C’est la seule chose qui m’a irritée. Mais les lecteurs ne regardent pas les dates des copyrights. Quand ils aiment un livre et qu’ils aiment un auteur, ils deviennent vraiment féroces envers n’importe quelle chose qui puisse être considérée comme étant en compétition avec leur auteur favori. Ça peut faire des dégâts.

Pouvez-vous nous parler de la série KGI qui arrive en France ?

Aux États-Unis, c’est ma série la plus populaire. Ils adorent cette série. Car le thème principal est la famille. Dans tous les livres, c’est le point central, que l’on parle de liens du sang ou d’amitié proche. Vous avez six frères de la famille Kelly qui ont tous servi dans différents corps d’armée, et puis il y a leurs parents, Franck et Marlène Kelly. Marlène à la réputation d’adopter les gens au sein de sa famille, elle « collectionne les personnes errantes » comme lui disent ses fils. Dans le tout premier tome, elle recueille une adolescente qui a pénétré par effraction dans leur maison, car elle était affamée et cherchait de la nourriture. Elle a également adopté un shérif adjoint du comté, elle est en quelque sorte la mère de tout le monde. Vous avez juste cette grande famille loyale. La série traite entièrement de la famille, de la loyauté. À chaque histoire, vous en apprenez de plus en plus sur les personnages. Ainsi, quand leur tour arrive, vous vous dites : « Oui ! Enfin ! (léger rire) Je vais enfin en savoir plus sur ce personnage ». Il y a un grand nombre de personnages, mais je les trouve tous très intéressants. Tout le monde semble avoir un personnage favori différent. Et c’est ce que je trouve plutôt amusant. [...] Cela fait un moment que la série dure, elle a commencé un peu avant le second pic de popularité de la romance érotique, et je publie le neuvième roman de la série ce mois-ci.

Combien de livres prévoyez-vous pour cette série ?

(Soupir de réflexion) Je dirais au moins 15. Mais je ne pense pas qu’il y en aura plus.

Pensez-vous que les Highlanders sont les mâles alpha des temps anciens ?

Oh, oui absolument ! (Rires)

Pourquoi les aimez-vous ?

Quand vous écrivez une romance contemporaine, vous devez faire attention à ce qu’elle soit politiquement correcte. Car tout ce que vous écrivez énervera forcément quelqu’un. Tout le monde ressent le besoin de se sentir offensé, blessé moralement. C’est frustrant, car on a juste envie d’écrire et d’être authentique, de dire les choses que tout le monde pense mais n’ose pas dire. Je peux m’en sortir impunément avec la période du Moyen Âge, le politiquement correct n’existait pas à l’époque. Ils faisaient la loi eux-mêmes, il n’y avait pas de policiers qui les poursuivaient pour leur mettre une amende à cause d’une querelle avec les voisins, ou quelque chose dans le genre. Ils réglaient leurs propres problèmes. J’aime ça. J’aime le fait qu’ils ne se laissaient embêter par personne. Et puisque la famille est un tel point central dans tous mes livres, j’adore l’idée d’un clan. Si l’on fait partie du clan, on est de la même famille. Le clan est très loyal, soudé, prend soin de ses membres, j’adore cet aspect-là.

Au-delà des mots, le premier tome de la série Les Montgomery et les Armstrong, est très fort au niveau des émotions.

Oui. Le deuxième tome est rempli d’émotions aussi. (Rires) [...] Je n’étais pas sûre que les Européennes aiment les romances historiques écrites par des Américaines, car les Britanniques sont si pointilleux [sur l’Histoire].



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