Avis de Tan

La Bibliothèque de Minuit a été lu dans le cadre du club de lecture RCS. N’hésitez pas à nous rejoindre. Nous nous réunissons tous les premiers jeudis du mois et une nouvelle lecture commune est proposée tous les trois mois.

Ayant entendu beaucoup de bien de ce livre sur un compte Instagram que je suis, je l’ai proposé pour la lecture commune en juillet 2022 et il a été retenu. Pensez donc : des livres, des livres, des livres. Pire ! Une bibliothèque. Nous étions a priori dans notre élément. La suite de l’avis n’engagera que moi, mais nous avons finalement toutes eu le même ressenti et il était plus que mitigé.

Tout commençait pourtant bien, même si, dans les faits, tout commence mal pour Nora et que la teneur du début du livre est tellement noire qu’il vaut mieux ne pas être déprimé⸱e en l’entamant. Le livre joue avec l’idée du « et si ». Et si j’avais fait tel choix à tel moment, alors… est-ce que ma vie aurait été différente ? Est-ce que j’aurais été plus heureux ou heureuse ? Est-ce qu’il vaut mieux traîner derrière soi une valise de regrets de tout ce que l’on n’a pas fait ou faut-il au contraire regarder vers l’avant et voir ce qui peut encore être fait ? Quelles sont les opportunités à saisir à portée de main ? Nora se voit offrir cette chance de vivre chacun de ces « et si » et de rester dans la vie alternative qui lui conviendra le mieux. Alors, elle teste, encore et encore. Et ce qui se présentait comme une idée très ludique devient rapidement mortellement ennuyeuse et répétitive.

Cette image de la bibliothèque des vies possibles a très certainement quelque chose de très poétique, mais si vous lisez un peu de SF et/ou que vous savez ce que sont les multiverses, vous risquez au contraire de trouver la variation sur ce thème un peu légère et sans grande surprise. Et si, en plus, vous avez un minimum vécu (comprendre : si vous êtes plus âgé⸱e⸱s que l’héroïne), alors vous savez exactement quelle grande leçon de vie ressortira de votre lecture. Le propos de ce livre ne touchera pas tous les lecteurs de la même façon en fonction de leur parcours de vie et de leur âge. Pour certains, il y a fort à parier qu’ils ont déjà fait ce cheminement, qu’ils ont déjà eu ce regard rétrospectif sur leur vie. Ceux-là n’apprendront rien. Pour d’autres, ce sera peut-être l’occasion de commencer à réfléchir et initier une reconnexion avec eux-mêmes. Il n’est pas étonnant que certains reprochent au livre de faire un peu trop dans le développement personnel. C’est probablement cet aspect qui lui a valu un tel succès.

Pour filer l’analogie un peu différemment et rendre l’idée développée dans le livre plus digeste, cette bibliothèque, c’est malgré tout un peu nos bibliothèques personnelles à tous et à toutes : cet ensemble de livres que l’on a aimés parce qu’ils nous ont parlé, parce qu’on y a retrouvé un peu de nous-mêmes, parce qu’ils nous ont fait voyager et vivre mille vies. Et il vaut sans doute mieux rester sur cette image-là. Car celle de Minuit n’est pas celle qui vous fera le plus grandir. Et comme disait Candide à Pangloss : « Il faut cultiver notre jardin. »