Écarlate de Philippe Auribeau



Ecarlate
de Philippe Auribeau

Éditions ActuSF

Sortie le 15 mai 2020
Format broché / 457 pages / 19,90 €


Présentation de l'éditeur :

Providence, 1931. Une troupe de théâtre est sauvagement assassinée alors qu'elle travaillait à l'adaptation du roman La Lettre écarlate. Si la piste d'un ancien anarchiste italien semble évidente pour la police locale, l’équipe fédérale de Thomas Jefferson flaire des raisons bien plus obscures. Une ombre plane sur ce meurtre... et sur ceux qui mènent l'enquête.


Avis de Lauryn :

Pour ce roman, l’auteur s’est inspiré des écrits de Lovecraft et de “La lettre écarlate”, par Nathaniel Hawthorne. Si l’histoire de ce dernier est importante dans l’intrigue du roman, ce n’est pas le cas de l’oeuvre de Lovecraft. Ceux qui éviteraient ce livre de peur d’être perdus par un rappel constant de l’univers de Cthulhu peuvent donc être rassurés : il n’y a aucun risque et, même si je connais les ouvrages de Lovecraft, j’ai apprécié ce point, car je sais que cela peut vite devenir très lourd.

Philippe Auribeau situe donc son intrigue dans la ville de Providence, en pleine prohibition, et il a pris un soin particulier à la description de cette période particulière de l’histoire américaine. Tout y est : armes, voitures, conventions sociales, racisme, problèmes économiques, organisation des speakeasies pour contourner la prohibition d’alcool… Il n’oublie rien, sans pour autant s’appesantir dessus, au risque d’alourdir son roman. Car le rythme est un point important dans cette histoire particulièrement sanglante, empreinte de mystère et de folie.

Dès le début, le lecteur est plongé dans l’horreur : un massacre odieux dans un théâtre, où gravitent des personnages peu recommandables et particulièrement antipathiques. Très vite, le lecteur est submergé par les mensonges, les secrets abominables et les délires d’une secte aussi dangereuse qu’énigmatique. Il devient difficile de discerner une raison logique à tous ces meurtres, et une évidence finit par se faire jour : la folie est derrière tout cela. Dès lors, les pages se tournent dans l’attente du final, qui ne peut être qu’en accord avec le reste. Les pages défilent à toute vitesse, l’histoire est addictive et la fin, très réussie, offre même le luxe d’une interprétation différente en fonction de votre perception des choses. J’ai trouvé cela vraiment excellent !

Côté personnages, le trio d’enquêteurs est aussi étrangement assorti que bien décrit : un agent fédéral issu d’une famille riche, une enquêtrice privée au caractère explosif et un chauffeur noir, ami du premier. Tous sont bien travaillés, différents sans être trop éloignés les uns des autres, et cette enquête va les marquer profondément. D’ailleurs, c’est un autre point très positif du roman : l’auteur n’hésite pas à malmener ses personnages sans se soucier de leur statut de “héros”. Vu l’histoire, c’est un choix logique et salutaire, car il sert vraiment l’intrigue de manière à accrocher le lecteur pour ne plus le lâcher.

Le style, très dynamique et “rentre-dedans”, offre lui aussi un cadre idéal à l’histoire pour se développer. J’ai parfois été surprise par la construction des phrases, avec une absence de rappel du sujet en début de phrase, mais au final, ça ne m’a pas dérangée plus que cela.

Si vous aimez les histoires sanglantes, bâties sur un fond de légendes et de personnages timbrés, ce roman est fait pour vous. Lancez-vous, vous ne serez pas déçus !

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