La dernière larme de Fatou Ndong



La dernière larme
de Fatou Ndong

Éditions Valentina

Sortie le 2 avril 2012
Format broché / 228 pages / Prix 13,50 €
Format e-book / 200 pages / Prix 5,99 €



Présentation de l'éditeur :

Ces êtres étranges nous ressemblent. Leurs différences ? Ils ont le sang froid, vivent la nuit et se nourrissent de sang humain.
Ce sont des vampires… et ils vivent au nez et à la barbe des Hommes depuis la nuit des temps, dans l’attente de pouvoir sortir de l’ombre.
Selon la légende, le sacrifice des quatre enfants de la prophétie permettra le retour de la reine Adonia. Trois sont déjà morts. Kali est la dernière encore en vie.
Mais la jeune femme ignore tout de ce monde là. Pourtant, une étrange marque en forme de larme est lovée sur sa poitrine.
Le maître de l’Odyssée, chef des vampires, envoie Ethan pour retrouver le dernier enfant de la prophétie afin de le sacrifier.
Et si tout ne se déroulait pas comme prévu ?​

L'avis de Rory :

Une présentation alléchante, une bien jolie couverture : le premier roman de Fatou Ndong nous met dans de bonnes dispositions d’entrée de jeu. Malheureusement, le soufflé retombe un peu ; on ressort de la lecture avec un avis très mitigé.

L’intrigue est basée sur une bonne idée : une prophétie centrée sur quatre enfants, parmi lesquels il n’y a de nos jours qu’un seul survivant, Kali, notre héroïne, dernier rempart contre la suprématie vampirique. On retrouve dans le roman cette partie du résumé qui nous a plu ou tenté à la lecture de la quatrième de couverture. Cependant, la façon dont on apprend les choses ne sous satisfait pas entièrement. De manière générale, l’auteure dessine une rapide esquisse des évènements du passé dans un premier temps, et les explications viennent plus tard — sans doute pour préserver le suspense, et on le comprend — mais nous laissent souvent assez dubitatifs. Ces développements ou justifications nous font en fait l’effet de « l’exception qui confirme la règle ». De même, au cours de notre lecture, on se demande souvent « Pourquoi ? Comment ? » et certaines de nos interrogations ne trouvent malheureusement pas de réponse. Il semble y avoir beaucoup de non-dits. Il est vrai que le lecteur aime parfois voler de ses propres ailes mais, passé un moment, il préfère qu’on le prenne par la main.

Pour continuer sur la trame, le temps est une notion que l’on a beaucoup de mal à appréhender dans ce roman. Premièrement, les transitions nous semblent assez abruptes et ne mentionnent quasiment jamais combien de temps il s’est écoulé depuis le passage précédent. On suppose donc naturellement qu’il s’agit de la période la plus courte possible compte tenu du contexte. Ce n’est pas forcément gênant tout le temps, mais cela reste assez déroutant. Deuxièmement (et c’est sûrement lié avec le point précédent), pour nous tout va très vite — notamment, Kali tombe amoureuse extrêmement rapidement — mais pour les protagonistes, ces périodes de quelques jours semblent leur faire l’effet de quelques mois (par exemple : « tellement longtemps » sera utilisé pour qualifier une période d’une semaine).

Malgré tout, il y a une bonne partie du roman — les deux quarts du milieu environ — où l’on a assez envie de continuer, de voir où va nous mener l’intrigue. Certains retournements de situation, quand ils paraissent logiques, sont assez bien vus. On est content de voir que l’auteure n’a pas choisi la solution de facilité en ce qui concerne les opposants des vampires. Cependant, en arrivant à la fin du roman, on trouve un motif qui se répète un peu trop souvent, à savoir : Kali se met dans le pétrin, elle est sauvée au dernier moment.

On peut ajouter à ce ressenti sur la fin une impression d’incohérence dans le récit, qui concerne plus particulièrement le passé d’Ethan. C’est cette même impression qui nous contrarie de temps à autres au cours du roman au sujet d’évènements divers et variés. Le fait qu’un astre rouge — qui se révèle être le soleil qui se voile — remplace la lune et ne se couche plus, mais qu’il fasse malgré tout nuit la moitié du temps (comme en temps normal), est un exemple. La façon dont la reine Adonia perd le pouvoir dans le passé peut déranger également.

Passons à l’univers. Il ne nous apparaît pas très détaillé mais l’on comprend que l’histoire se déroule dans notre monde actuel auquel une composante « surnaturelle » a été ajoutée, comme pour tout roman de Bit-Lit ou de Romance Paranormale. Kali vit à Chicago et, on l’apprend très vite, le quartier général des vampires se situe en Grèce. Cette originalité est bienvenue. De manière générale, les descriptions des édifices, des demeures, lorsqu’il y en a, sont plaisantes. Cependant, on pourra noter plusieurs détails non surnaturels qui nous paraîtrons déplacés (par exemple, le fait que l’on nous parle d’une « mer » à Chicago, qui possède certes des plages mais qui bordent le Lac Michigan et non une étendue d’eau salée). 

Les personnages sont assez variés. Chez notre héroïne, Kali, on appréciera une lucidité et une bonne analyse des évènements, un comportement mature et des réflexions intelligentes dans le milieu du roman. En revanche, on pourra lui reprocher le fait qu’elle fasse erreur sur erreur plus on se rapproche du dénouement, et qu’elle ne semble rien faire si ce n’est attendre qu’on vienne la sauver (ce qui ne manque pas d’arriver à chaque fois) — on comprend bien que, étant humaine, son pouvoir est limité, mais tout de même. Son addiction pour le personnage principal masculin est également susceptible de nous irriter. Ce dernier nous apparaîtra comme mystérieux et digne d’intérêt. Malgré tout, leur amour nous dépasse un peu, de par la rapidité de sa formation et par son caractère très (trop ?) intense.

Parmi les personnages secondaires, on trouvera notamment le Maître et la Maîtresse de l’Odyssée. On se pose beaucoup de questions sur eux, leur origine et leur légitimité, sans trouver de réponses. Il y a aussi un personnage masculin secondaire qui éprouvera pour Kali une affection dont on ne comprend pas l’origine, puisqu’il semble la connaître encore moins bien que notre héros.

Le style de Fatou Ndong est fluide, plaisant, et présente assez peu de maladresses. Le vocabulaire est varié et adapté malgré quelques termes employés à mauvais escient — quelques coquilles subsistent, notamment au niveau de la conjugaison. Le schéma narratif est agréable et nous étonnera parfois par son inventivité.

Pour conclure, disons qu’une fois que l’on a décelé un ou deux éléments qui nous chagrinent, on ne peut s’empêcher de prêter plus d’attention que nécessaire à tous les détails de la suite de l’histoire. On ressort donc de la lecture avec un sentiment mitigé ; il y a du potentiel mais certains éléments clés de l’intrigue font blocage. Il est difficile d’en dire plus sans « spoiler » le futur lecteur. On notera tout de même qu’il existera une suite à ce roman à la frontière entre Urban Fantasy et Romance Paranormale, un tome 2 qui, on l’espère, saura peut-être répondre à nos interrogations.

Achat version papier.

Ci-dessous formats Kindle et epub.



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