Interview Marie Pavlenko




Interview de Marie Pavlenko, auteur du Livre de Saskia par l'équipe de Bit-Lit.com, j'ai nommé Douxxx, Scende et Paupolle, le 26 novembre 2011 au Salon du livre de Colmar.


Bit-Lit.com : Bonjour Marie, et merci beaucoup de nous accorder un peu de temps pour cette interview…

Marie Pavlenko : De rien.


Bit-Lit.com : Tout d'abord, peux-tu te présenter à nos lecteurs ? Nous parler un peu de toi et de ton enfance ?

Marie Pavlenko : Qu’est–ce que je vais bien pouvoir vous raconter… Je m’appelle Marie (rires), j’ai 37 ans. Je suis née à Lille, je suis une vraie Chti. J’y ai passé mon Bac et je suis « descendue » à Paris pour faire une hypokhâgne. Ensuite, j’ai fait des études de lettres modernes à la fac de la Sorbonne nouvelle (un DEA), puis je suis retournée à Lille pour faire une école de journalisme (l'ESJ Lille), pour enfin redescendre travailler et vivre à Paris !


Bit-Lit.com : Quel est le premier livre ou l'événement qui t'a donné envie de lire et d'écrire ?

Marie Pavlenko : Il y a eu plusieurs livres fondateurs, comme tout le monde. Par exemple, j’adorais Roald Dahl quand j’étais petite, j’ai dû lire Le Bon Gros Géant une bonne vingtaine de fois. Chose un peu moins gaie, à 8 ou 9 ans, j’ai lu Le Faucon Déniché et j’ai pleuré comme une madeleine en refermant le livre. J’étais totalement désespérée. Cette émotion m’a vraiment marquée. Sinon à 10 ans, j’ai lu Le Seigneur des Anneaux et ma vie a changé !
Il y en a eu d’autres qui comptent beaucoup (L'homme qui rétrécit, Niourk... et plus tard et plus classique Victor Hugo, Zola) mais la liste est trop énorme.



Bit-Lit.com : Devenir auteur était tout à fait normal pour toi, compte tenu de ta carrière de journaliste ?

Marie Pavlenko : J’ai toujours écrit des histoires, depuis que je suis petite. Le journalisme a été pour moi une école. J’ai fait des études de journalisme hors du circuit classique, je me suis greffée sur une formation professionnelle dans laquelle on ne m’a pas appris à écrire. J'ai donc appris toute seule, comme une grande. Mais au cours de ma carrière, j’ai pu rencontrer des rédactrices en chef bienveillantes. Par exemple, une d'entre elles, à l’Express, m’a expliqué que dans ce magazine, on traquait sans relâche les répétitions. Elle a veillé à ce que j'affirme mon style, que je cisèle les mots, les expressions. J’ai travaillé avec des gens très différents, qui ont tous leurs marottes et leurs envies, chez qui j’ai pu piocher des conseils ou voir ce qu'il ne fallait pas faire !! Et surtout, j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup écrit. Lorsqu’on commence un roman, tout ce qu’on a accumulé devient le socle sur lequel on s'appuie.


Bit-Lit.com : Quelles sont tes influences en matière d'écriture?

Marie Pavlenko : Des influences conscientes, je pense que je n’en ai pas, mais je suis imprégnée de tout ce que j’ai lu et de tout ce que j’aime. J’ai fait une maîtrise et un DEA en littérature moderne, mais mon travail portait sur l'oeuvre de Paul Grimault, un réalisateur de films d’animation, dont les scénarios étaient écrits par Jacques Prévert. En 1997, je suis allée pour la première fois au festival d’animation d'Annecy. J’ai découvert le monde foisonnant de l’Animation, et j’ai adoré. Je pense que ça m’a beaucoup influencée, tout comme les mangas et les animes japonais. C'est un univers à part, extrême.
Sinon, mon auteur préféré de tous les temps, c’est Victor Hugo qui n’a pas grand-chose à voir avec la Fantasy. Je trouve qu'Hugo est LE magicien des mots et de la psychologie, il sait faire naître des émotions vivaces, incroyables, il a l'art d'exprimer ce que l'on ressent, au plus profond de soi, avec une vérité renversante (même si certaines de ses descriptions sont parfois un peu ennuyeuses, il faut bien l'avouer !!).



Bit-Lit.com : Tu sembles proche de tes lecteurs, cela t’influence-t-il dans ton travail d'écriture ? Est-ce que c’est quelque chose qui te permet d’avancer, de te corriger ?

Marie Pavlenko : Énormément. Pour moi, écrire est un cauchemar, c’est un long marathon où chaque mot est une foulée. On est terriblement seul, avec son ordinateur et son cerveau. Moi, ça m'angoisse. En commençant Saskia, je disais à tout le monde que je n’y arriverais jamais. Je n’en voyais pas le bout, je peinais, je soupirais, je me rongeais les ongles. Écrire en se disant que quelqu’un est susceptible de te lire constitue une force inimaginable. Ça te donne du courage et te pousse à faire mieux. Je m’occupe de la page Facebook de Saskia, je crois que j’en ai besoin. J’ai créé une adresse spéciale et je reçois des mails, et certains me bouleversent et me donnent les larmes aux yeux. Je ne vais pas mentir, j'écris pour être lue, parce que je veux partager. Mon objectif est de faire ressentir aux lecteurs les émotions que moi, j'ai ressenties en tant que lectrice. Être lue est une chance immense, inouïe, un magnifique cadeau. Un seul lecteur vaut tout le mal qu'on s'est donné !



Bit-Lit.com : Ton parcours pour trouver un éditeur a-t-il été laborieux ? Que peux-tu nous dire de cette expérience ?
Marie Pavlenko : J’ai été un peu pistonnée. J’écris des scénarios, j’ai donc un agent qui m’a permis de rencontrer cet éditeur.



Bit-Lit.com : Comment vis-tu le succès de ton livre?

Marie Pavlenko : Je suis quelqu’un qui, par nature, voit tout en noir donc je ne peux pas m’empêcher de me demander si mes lecteurs apprécieront aussi le prochain !!! Je ressens juste une grosse pression mais évidemment ça me touche beaucoup, ça veut dire que quelque part, il y a une rencontre qui se fait et ça m’encourage. Mais je le vis…


Bit-Lit.com : Normalement ?

Marie Pavlenko : Oui, voilà, normalement.



Bit-Lit.com : Tu parles du deuxième tome, c’est donc bien une trilogie ?

Marie Pavlenko : Oui, en effet, c’est une trilogie.



Bit-Lit.com : Peux-tu nous donner une petite idée de la date de sortie du second tome ?

Marie Pavlenko : Il sortira le 15 mars prochain et pour mettre un peu l’eau à la bouche, je peux vous révéler, tatataaa, que le tome 2 sera assez différent du premier, qu’il sera plus sombre.



Bit-Lit.com : Savais-tu avant de commencer à écrire Saskia, la fin de l'histoire ?

Marie Pavlenko : Je ne peux pas tout vous raconter, sinon ça risque de gâcher le plaisir, mais Saskia est partie d’une idée, très concrète, dans la vraie vie, que je voulais exploiter. J’ai ensuite essayé de la mettre en forme. Mais cette idée tient la trilogie dans son ensemble. En revanche, le tome 1, je l’ai écrit en aveugle. Lorsque je m'y suis mise, je n'avais pas clairement défini l'univers des Enkidars, les différences entre eux, etc. C'est venu en écrivant (et c'était une erreur, je ne ferai plus jamais ça !!). Ce qui ne change pas, c'est que quand je commence à écrire, je connais le début et la fin. Le milieu se dessine au fur et à mesure.



Bit-Lit.com : Les Endikars, ce peuple ailé au service de l'humanité, est une vision originale des anges, où as-tu trouvé ton inspiration ?

Marie Pavlenko : J’ai pris le problème dans le sens inverse. Je voulais qu’ils volent, qu’ils aient des ailes, parce que c’est beau et ça ouvrait le champ à des images, des sensations, mais je souhaitais me détacher de la mythologie. Le folklore des anges est établi, figé, tout est déjà dessiné, et je ne voulais pas me positionner sur ce créneau-là. De plus, si on parle d’anges, on pose le fait que Dieu existe, et on introduit une dimension religieuse, même induite ou suggérée… or je voulais m'en affranchir. Je suis donc partie de l’image et j’ai brodé.



Bit-Lit.com : Les Faucheurs aux ailes blanches côtoient la mort mais semblent les gentils de l'histoire, et les Gardiens aux ailes noires sont les sauveurs mais cachent une part sombre. Tu jongles habilement avec les contraires, pourquoi joues-tu avec nos nerfs ?

Marie Pavlenko : Je pense que le lecteur l’a compris, mais le message qui se cache c’est qu’il n’y a ni bien, ni mal. Dans la vie, les choses sont toujours compliquées, et il n’y a pas de raison que dans les livres elles soient simplifiées : des personnages très très gentils d’un côté et des très très méchants de l’autre. Un de mes premiers objectifs était d’essayer d’éviter cette dichotomie, d'introduire des nuances.



Bit-Lit.com : Pourquoi avoir choisi d'écrire sur un thème jeunesse ? Est-ce plus simple pour toi que d'écrire un livre pour adultes ? Parce que je me demande souvent comment les auteurs choisissent d'être YA ou adulte, si ça leur vient en cours d'écriture ou s'ils savaient avant même de commencer que ce serait pour tel public.

Marie Pavlenko : Comme la question précédente, il faut prendre le problème à l’envers. J’ai d'abord écrit ce que j’apprécie en tant que lectrice. Je crois aussi que ça me rassurait. Au fond, je ne me sens pas légitime dans le rôle de l'écrivain pour adultes... La jeunesse et le YA se prennent moins au sérieux, non ? De plus, la Fantasy est une littérature populaire, qui peut être excellente, abriter des pépites, mais qui reste une « littérature de genre ». J'aime cet « à-coté ». On n'est pas dans la collection blanche...



Bit-Lit.com : As-tu d’autres projets mis à part Saskia ?

Marie Pavlenko : Oui, j'écris actuellement le scénario d'une BD qui n'a rien à voir avec la Fantasy et qui devrait sortir fin 2012, avec Teresa Valero, une dessinatrice que j'adore, bourrée de talent, drôle, bref, j'ai beaucoup de chance. Et puis je m'attèle à un autre roman Fantasy Young Adult, qui devrait sortir en 2013... Ici encore, j'ai une chance à la limite de la suspicion puisque je travaille avec Xavier Mauméjean, auteur de talent et, entre autres, directeur d'une nouvelle collection aux éditions Le Pré aux Clercs. Je dois avoir un Gardien très très bienveillant dans mon entourage, non ?



Bit-Lit.com : Aimerais-tu dire un mot à tes fans, tes lecteurs ?

Marie Pavlenko : Merci.



Bit-Lit.com : C’est nous qui te remercions, pour ton livre, pour nous avoir parlé et pour l’interview.

Marie Pavlenko : Attendez d’avoir lu le tome 2 avant de me remercier (rires) !

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