Ombre blanche de Clemence Housman

                       Ombre Blanche
de Clemence Housman   
               
 Le Pré aux Clercs

Sortie le 1er septembre 2011
Novella illustrée / 186 pages /  19€ 


Présentation éditeur


Au coeur de l'hiver, alors qu'il fait nuit et que la neige a recouvert chemins et forêts, une étrange et fascinante créature fait irruption dans une ferme. Les paysans, tout d'abord effrayés par cette apparition, sont vite séduits par Fourrure blanche et l'un deux, Sweyn, en tombe immédiatement amoureux. La magnifique jeune femme à la peau blanche et au regard de feu doit son surnom à l'élégant manteau de loup blanc qui lui recouvre entièrement le corps.
Le frère jumeau de Sweyn, Christian, parti depuis de longues heures à la chasse, débarque alors que tous ses amis entourent Fourrure blanche. En arrivant, son regard avait été attiré par de larges empreintes de pattes de loup dans la neige qui s'arrêtaient juste devant la porte de la ferme. En guise d'animal, une femme se tient au milieu des siens ébahis. Pressentant un grave danger, il cherche à alerter son frère, mais ce dernier ne veut rien entendre.
Quelques jours passent, quand Rol, un enfant de 4 ans disparaît mystérieusement puis c'est au tour de la vieille Trella... Un frisson d'angoisse passe sur le village, mais personne n'ose s'avouer que Fourrure blanche est à l'origine du mal. Christian n'a alors plus qu'une idée en tête : retrouver la femme loup et lui faire expier ses crimes.


Avis d'Asmodée

Une sensibilité onirique… Telle serait la description appropriée à Ombre Blanche si je devais décrire l'ouvrage en quelques mots succincts. Ce livre ouvre son sommaire avec un texte éponyme au titre qui prend la forme d'une novella de moins d'une centaine de pages. Clemence et Laurence Housman rehaussent celle-ci par des illustrations évoquant les anciennes gravures de bois. Forte de cette esthétique désuète, l'histoire nous plonge dans une ambiance digne des légendes et valeurs d'autrefois. 

Dans une campagne où la rigueur de l'hiver et des éléments ont encore leur mot à dire, l'auteure sculpte par sa prose le destin de Sweyn et Christian, des jumeaux qui vont faire la rencontre d'une jeune femme nommée Ombre Blanche. Mais qui est réellement cette inconnue surgie de nulle part ? La belle fera succomber chacun de ces frères que tout oppose à deux sentiments contraires : Sweyn en tombera éperdument amoureux, quitte à devenir aveugle sur les tristes évènements qui marchent dans le sillage d'Ombre Blanche. Christian, dévoué à son jumeau, décidera de combattre cette étrangère à l'aura animale qu'il juge dangereuse. L'amour et la fraternité sont mis à l'honneur, mais aussi à l'épreuve, le tout porté par une narration hors du temps. Car Ombre Blanche est un récit de loup-garou à l'ancienne. Écrite en 1896, la novella revendique ce charme suranné propre aux contes d'antan.   

La plume de l'auteure explore les recoins de la nature humaine, danse avec les émotions et le suspense pour nous entraîner vers un final poignant. Ombre Blanche se lit très – trop – vite. Néanmoins, l'intensité poétique qui rythme chaque page palie sa faible consistance. L'histoire comporte peu de dialogues. Elle préfère se draper dans un genre un peu démodé qui a su me séduire, mais qui pourrait paraître austère à certains lecteurs plus axés sur la littérature contemporaine.  

La mer inconnue fait figure de second récit au sommaire. J'avoue avoir moins accroché à ce texte. Il s'agit en fait des trois premiers chapitres d'un roman plus vaste. La partie proposée constitue une histoire à elle toute seule, autonome donc, mais cette dernière m'est malgré tout apparue plus comme une mise en bouche qu'autre chose. Le style de l'auteure dispose du même talent qu'Ombre Blanche, sauf que les illustrations sont cette fois absentes et que les descriptions se révèlent plus nombreuses… au détriment de l'intrigue. Parler d'expérience pour décrire le périple de ce jeune marin déterminé à rejoindre l'île Sinistre et ses mystères serait d'ailleurs plus de circonstance.    

L'ouvrage se clôt par une postface complémentaire rédigée par Jean-Pierre Dionnet. Une contribution idéale pour mieux appréhender l'œuvre de Clemence Housman et le travail de son frère Laurence. À noter qu'une galerie d'illustrations, toujours exécutée par les Housman, parfait un livre décidément de belle facture. Heureusement, serait-on tenté d'ajouter, car son prix aurait paru un brin excessif au vu du peu de lecture en présence.

Car si Ombre Blanche tend vers une littérature de qualité, les livrophages n'en feront qu'une bouchée. Une lecture plaisante, à la novella envoûtante, si l'on est attiré par les belles et cruelles histoires à la morale patinée par le temps.






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