D'encre, de verre et d'acier
de Gwendolyn Clare
Éditions Lumen
Sortie le 3 mai 2018
Format broché / 472 pages / Prix 15,00 €
Présentation de l'éditeur :
Et si on pouvait vraiment créer un monde avec de l'encre et du papier ?
Avec la bonne plume, le bon papier et en respectant des règles complexes, il est désormais possible de voir naître sous ses doigts un nouveau monde. Cette nouvelle branche de la science, la scriptologie, connaît deux adeptes hors du commun : Jumi da Veldana et sa fille Elsa sont nées, comme l'univers d'où elles viennent, sous les doigts d'un scriptologue. Mais elles se sont révoltées et ont elles-mêmes appris, à leur tour, les secrets de cet art, et repris le contrôle de leur petit paradis.
Leur bonheur ne dure pas : Jumi cache un noir secret et disparaît, enlevée sous les yeux de sa fille, qui doit s'aventurer dans le monde réel pour retrouver sa trace. Des canaux d'Amsterdam aux rues du Pise, elle finit par trouver refuge dans une véritable " maison de fous " appartenant à l'ordre d'Archimèdes, c'est-à-dire une institution où scriptologues, alchimistes et mécaniciens peuvent venir se mettre à l'abri, étudier et travailler en compagnie d'autres scientifiques. C'est aussi un pensionnat, dont les élèves l'observent avec beaucoup de curiosité – au premier rang d'entre eux, Léo, un mécanicien de génie, avec qui sa rencontre fait des étincelles. L'aide promise à Elsa par l'ordre tardant à se concrétiser, la jeune fille décide de prendre les choses en main. Et ce n'est pas peu dire. Car Elsa, elle aussi, dissimule un secret...
Saura-t-elle réparer par l'écriture un univers devenu fou ? Elsa va devoir apprivoiser les règles de ce nouveau monde et se faire à la complexité des relations humaines si elle veut parvenir à retrouver la trace de sa mère. Passé tragique et ténébreuses conspirations, mondes de poche et armes ultimes : suivez cette héroïne armée d'encre et de papier dans une aventure pleine de charme et de suspense !
L'avis de Lila :
Les éditions Lumen savent y faire pour nous proposer des couvertures
splendides et des résumés intrigants qui donnent immédiatement envie
d'en savoir plus, et ce roman ne fait pas exception. J'apprécie
particulièrement cet éditeur, dont le catalogue m'a déjà procuré un
grand nombre de coups de cœur, et j'attendais avec beaucoup d'impatience
ce nouveau titre. Mais D'encre, de Verre et d'Acier n'a
malheureusement pas su m'emporter dans son univers, à tel point que j'ai
fini, à mon grand regret, par en abandonner la lecture, chose assez
rare dans mon cas.
Le résumé donné sur la quatrième de
couverture est très explicite et annonce parfaitement de quoi il va être
question, nul besoin de revenir dessus. Je vais donc commencer
directement par les points positifs.
L'auteur propose un univers
complexe et d'une grande originalité, richement détaillé. Le background
semble avoir été mûrement réfléchi et l'ensemble, exotique, est
cohérent. La scriptologie, mais aussi la mécanique et d'autres métiers
abordés dans ce roman, offrent des éléments intéressants et plutôt
nouveaux. Gwendolyn Clare ne manque clairement pas d'imagination et l'on
ne peut que saluer le travail réalisé pour donner vie à autant
d'éléments.
On profite également d'une galerie de personnages
nombreuse et variée, avec une héroïne au profil plutôt inédit. La
narration alterne d'ailleurs entre plusieurs points de vue, ce qui
apporte un peu de dynamisme à l'ensemble.
Pour finir, l'intrigue en elle-même est intéressante et bien trouvée.
Malheureusement, ces points positifs n'ont pas su, pour moi, contrebalancer les faiblesses du roman.
Les
différents éléments de l'intrigue, du background et des personnages
sont bien détaillés, mais que de blabla ! L'univers est original et
complexe, rien d’étonnant donc à le décrire pour nous permettre de
l'appréhender au mieux, mais ces trop nombreuses descriptions m'ont plus
souvent ennuyée que passionnée.
Mais ce qui m'aura été fatal
dans ce roman, c'est sans aucune doute la narration. C'est très
scolaire, très propre, un travail de rédaction maîtrisé sur la forme,
mais sans aucune émotion palpable. Les dialogues sont plats, l'auteur
n'y injecte aucune émotion, elle se contente de nous expliquer après
chaque ligne de dialogue si le personnage s'est exprimé avec colère,
malice ou gentillesse. C'est très bizarre comme sensation. On lit une
phrase tellement dénuée de force et de sentiments qu'on ne peut pas
savoir si le personnage l'a murmurée ou hurlée, s'il est à bout de nerf
ou joyeux. La précision vient seulement ensuite, ce qui, en plus,
alourdit encore une lecture déjà laborieuse.
De même, l'auteur ne
cesse de nommer les personnages en les désignant par une
caractéristique. Elsa est par exemple systématiquement appelée « la
Veldanienne », « la jeune fille » ou « la scriptologue ». Idem pour tous
les autres personnages. Non seulement c'est extrêmement indigeste à
lire, mais cela ajoute une distance supplémentaire avec Elsa et ses compagnons, alors que les dialogues et la narration peinent déjà à créer de
l'émotion et de l'attachement. J'aurais aimé ressentir ce que ressentent
Elsa et les autres, avoir accès à leurs émotions, les vivre. J'aurais
voulu suivre Elsa et Leo dans leur aventure, la vivre à leurs côtés, et
non pas assister de très loin à l'histoire sans saveur d'une Veldanienne
et d'un mécanicien qui sont restés, à mes yeux, de simples étrangers
sans substance, fades mêmes...
Malgré l'intérêt porté à l'univers
et à l'intrigue, mon entrain a fondu comme neige au soleil page après
page. J'avais lu qu'il fallait attendre au moins 200 pages avant que ça
ne s'améliore. La moitié du roman, donc... C'est cette promesse qui m'a
poussée à m'accrocher, mais l'ennui et le désintérêt plus forts à chaque
nouveau paragraphe l'ont finalement emporté, pas si loin du cap des 200
pages d'ailleurs. Quel gâchis !
En résumé, un roman original et plein de bonnes idées. Mais si long,
touffu et dénué d'émotions que je ne suis pas parvenue à rentrer dans
l'histoire, à m'attacher aux personnages, à m'intéresser à leur sort, et
donc, à aller au bout de cet énorme pavé.